Encore deux jours

Je ne sais plus comment m’occuper. Je parle de 2014 à deux jours du départ.

Parce que ces jours j’ai tant de projets que je peine à tout contenir en 24h. Je monte un poulailler et pour trouver les poules, le foin et de quoi les nourrir je multiplie les contacts téléphoniques (c’est pas mon fort). Au jardin le temps des semis est arrivé, tout est sec et je dois arroser ce qui a déjà germé comme les épinards et les radis. J’ai des vidéos conférences à heures régulières pour mes proches et mes amis, Pompon chien veut ses promenades, Pompon chat est très doux à caresser mais il est plus collant qu’une limace poilue et … je veux écrire mon périple 2014.

C’est un peu la quadrature du cercle. Je me laisse happer malgré moi sur ces réseaux sociaux qui deviennent à la fois stimuli et assommoir et comme mes nuits sont mauvaises c’est à dire courtes et peu déconnectées j’ai de plus en plus de mal à me concentrer et à mener une tâche d’une traite ou à toutes les mener jusqu’au bout.

La situation était similaire en 2014, cet éparpillement et cette déconcentration perpétuelles sauf que je ne savais quoi faire de mes longues journées.

Je revois le parcours.
Bex – Aigle – Villeneuve – Montreux -…

Des étapes assez petites car mes pieds me font toujours très mal à partir du 12ème Km et je n’ai aucune expérience sur le fait de marcher plusieurs jours de suite.

J’ai prévu tous mes hébergements jusqu’en juin. A chaque place de campings, chambres d’hôtes, hôtels, dortoirs j’ai envoyé avec ma confirmation de réservation une procédure à suivre en cas de non présentation avant 18:00 ils doivent appeler mon ami Akim ou la Réga ! Rien que ça ! ll est prévu que j’appelle ma fille chaque jour en prenant le chemin et chaque soir une fois ma tente montée.

Alors quand des âmes gentilles me comparent à Sarah Marquis je m’étrangle. De rire et de honte. Moi je pars pour le tour du canton de Vaud. Je me suis inspirée d’un truc existant. Je ne vais pas manger des serpents et j’ai la boule au ventre.

J’ai donné mes adresses d’hébergement à ma famille et à mes amis vadrouilleurs. Ces quelques personnes, tombées sur mon site vadrouilles et qui s’étaient joint à mes entrainements. J’ai pris du papier à lettre, des enveloppes et des timbres et le joli stylo, petit et pratique offert par Gabriela. J’ai promis d’écrire à chacun et s’ils veulent me répondre ils peuvent m’envoyer leur lettre pour mon retour ou chemin faisant.

Je posterai aussi en marchant une photo par-ci par-là. J’ai même prévu de partager mes dimanches avec les vadrouilleurs, histoire de faire plaisir et de ne pas me transformer en animal sauvage.

J’ai installé ma boîte mails sur mon nouveau smartphone mais personnes ne doit me contacter sauf urgence vitale. Et j’insiste sur le mot vital. Ce n’est pas parce que je ne vais pas à Compostelle comme tout le monde que je dois me laisser distraire par la proximité de mon périple. Mais si Laly a besoin de moi, la bonne excuse, je pourrais vite rentrer.

Ce 7 avril tout est archi prêt pourtant je décide de « mieux faire mon sac ». Et pour la dixième fois en 5 jours, je démonte entièrement le chargement et je l’éparpille dans mon salon. Je passe la journée revoir mon matériel, chargeant encore plus la mule de peur de manquer. Comme il pleut je teste mon attirail une fois encore mais dans mon salon. Certains détails me déplaisent encore et encore et je recommence.

Ah cette peur de manquer ! Elle prend beaucoup de place dans ma vie.

Je n’ai plus la liste exhaustive de son contenu mais il pèse lourd et bien qu’il soit à roulette, que la charge soit répartie entre les épaules et les hanches, bien que le gros du poids s’appuie sur la roue il frise les 20kg et tout ne rentre pas dedans.

Le temps de réévaluer la pertinence de chaque objet et de tout remonter me prends toute la journée, de douter encore et de recommencer. J’en oublie de boire et de manger, je n’ai même pas idée de prendre du temps pour me reposer ou celui de préparer mon appartement aux deux mois d’absence annoncés. Tout cela est irréel.

Remplir ce sac c’est comme jouer à Tetris… je ne supporte aucune bosse, aucune aspérité, aucun faux pli. Je mets les objets dans des boîtes qui elles-mêmes sont dans des sacs, des filets, j’ai peur que tout se mélange, que je ne retrouve rien le moment venu, je fais des listes, des étiquettes, ne supporte ni bavure de stylo ni rature, j’use un paquet entier d’étiquettes et finis par tout enlever, je fais des croquis. Je mets beaucoup de soins car je veux que cette expérience soit parfaite. Je m’épuise.

J’ai de quoi recharger mes batteries, des prises, des câbles et une lampe frontale, de quoi cuisiner, un petit réchaud et deux bonbonnes de rechange car je ne sais pas où je pourrais en racheter, du sel, du poivre, de la sauce à salade, j’ai de quoi me laver, me doucher et même une grande serviette très fine pour pouvoir m’allonger dans l’herbe ou sur une plage, j’ai des habits de rechange, t’shirt, pantalon, pull, chaussettes, sous-vêtements.. tout à triple. Il peut pleuvoir et j’ai peur d’être mouillée et d’avoir froid. J’ai des gants, des bonnets, des tours de cou. J’ai de quoi lire (!) et écrire, une tente et un sac de couchage poids plume, des antipluies, des antifroids et des anticons (j’ai même un spray au poivre que j’ai leu a bonne idée de tester … à l’intérieur, de quoi pleurer de rire). J’ai un appareil photo, des cartes papier et une application numérique que je ne sais pas bien utiliser, une carte bancaire. A la ceinture une gourde et divers accessoires totalement indispensables et autour du coup une pochette avec un carnet me rappelant les étapes et les numéros de téléphone indispensable.

J’ai la certitude d’aller au bout… si ce soir je ne change pas d’avis. Alors c’est décidé je pars demain matin !

Et je n’ai même pas fait l’impasse sur le rouleau de papier toilette !

Vous pouvez commenter ci-dessous, ou liker, disliker sans que je ne sache qui le fait. Une réaction quelle qu’elle soit me motive à continuer. ^^

Mon Carrix à Luan qui m’attend

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