Depuis 2 semaines je suis capable d’éteindre mon téléphone la nuit de 22h00 à 08H00 !!

Je me couche toujours entre 22h30et minuit et pour échapper à ce moment que je déteste, celui où je me sens coupée du monde, j’ai pris l’habitude de me saisir d’un livre. Livre que j’ai plaisir maintenant à reprendre à un moment dans la journée aussi. Je commence mon troisième ouvrage.

J’ai installé quelques applications qui fonctionnent hors ligne sur ma tablette pour avoir accès à des films, des livres audio et à des aides à l’endormissement. J’y ai aussi installé mes sonneries de réveil et de routines. Pour la première fois depuis des années je suis fonctionnelle sans connexion.

Je trouve ça fou que ce soit si difficile.

Comme autres bénéfices j’apprécie de ne plus jamais louper ma séance de renforcement musculaire que j’ai placée entre 7h00 et 7h30. Ces séances sont utiles pour me maintenir en bonne forme physique mais elles sont ces temps indispensables pour tenter de sauver mon genou du bistouri et espérer repartir sur les grands chemins. Comme je ne rallume mon téléphone qu’à 8h00 je ne suis plus déconcentrée par milles choses qui intéressent mon esprit toujours vif et curieux au réveil, au point de laisser passer l’heure et maintenant j’ai un sentiment de réussite tous les matins. C’est bon à prendre même si cette fierté émane d’un succès relativement simple.

Comme je me concentre mieux sur mes routines j’ai plus de disponibilité mentale pour oser des nouvelles activités comme me déplacer pour suivre une conférence ou aller voir une exposition.

A mes ami.es retraité.es vous conseille vivement les conférences de Connaissance 3 car elles ont lieu en journée sur des sujets très variés). Mardi je suis allée à la Tour-De-Peilz écouter un homme passionné par les parfums. Il nous a parlé de l’histoire des parfums, de ses composants, on a pu humer des odeurs incroyable et j’ai même appris qu’il existe des caves à parfums comme il existe des caves à vin. J’ai trouvé que la  Tour-de-Peilz était un charmant village et que je n’avais jamais pris la peine de la découpler de Vevey. J’y suis passée souvent à pied pourtant, quand je longe le lac. D’ailleurs c’est la première fois que je photographie autre chose que le lac à La Tour-de-Peilz.

Je me suis aussi réinscrite à un stage de 4 jours pour apprendre à conter. Je dis bien conter et ce, sans faut d’orthographe. Je me dis que ça pourrait être chouette de rajouter des contes à certaines vadrouilles … non ?

Aujourd’hui c’est un peu le bilan, car je vais enlever l’application FB de mon téléphone. Je garde encore l’accès à ce réseau via mon ordinateur mais je me sens prête à ne partager des photos que le soit en rentrant et plus dans l’immédiateté. Après avoir affronté le sevrage de nuit j’entame le sevrage en déplacement.  C’est toute une aventure aussi.  A suivre.

Je vais me sentir un peu toute nue, mais je garde encore Whatsapp et Télégram. Vous pouvez me faire un mail pour avoir le lien du groupe photo de whatsapp en attendant de pouvoir les poster facilement sur mon site.

Je suis contente de m’être interrogée sur ma dépendance aux réseaux au même titre qu’un alcoolique se penche sur sa consommation d’alcool. Je sentais bien que quelque chose clochait mais j’étais loin d’imaginer à quel point il serait frustrant de faire face aux effets de manque et de me sentir si bien de les dépasser.

« Et pourtant, elle tourne »

C’est avec cette pirouette que s’exprimait Galilée à la fin de son procès où il dut publiquement confesser pour sauver sa peau, que la terre était immobile au centre de l’univers, alors qu’il venait de prouver grâce à Vénus et à son télescope que Copernic avait raison. C’est la terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse. C’est en cédant aux puissants qu’il eut la vie sauve et c’est grâce à sa pirouette qu’il resta intègre.

Je cherche ma pirouette. Parce que maintenant c’est la roue qui tourne. Le « plus jamais ça » a fait long feu. Les fenêtres d’Overton sont désormais grandes ouvertes, offrant à notre regard un nouvel horizon bien sombre avec le point Goldwin en ligne de mire. Il s’offre à nous sans plus aucun garde-fous et on l’atteint sans même prendre la parole. Plus besoin de s’échauffer dans un débat pour nous y rendre. Nous y sommes.

Faut-il nuancer ?  Dire que nous ne sommes pas encore exactement sous la bulle du GPS de notre Google Map? Qu’il reste des échappatoires ? Que nos institutions vont résister ?

Je cherche ma pirouette parce qu’avec le quart de la population occidentale qui croit toujours que le soleil tourne autour de la terre, on est en droit de douter que les sciences sociales ou n’importe quelles autres sciences d’ailleurs, puissent nous faire revenir à la raison. D’autant plus qu’aucun algorithme ne sera plus régulé pour préserver quoi que ce soit de la vérité, de la science ou de la démocratie. Au nom d’une liberté d’expression sans limite prière de ne plus rien apprendre : contentons-nous de croire et surtout croyons tout ce qui nous plait, comme ça nous plait, quand ça nous plait. J’ai bien de droit de dire ce que je veux.

L’eau de javel soigne le Covid, Hitler était un grand peintre, la terre est plate et tous les saluts viennent du coeur. A propos de terre plate, saviez-vous que 10% des Français, donc probablement des Suisses aussi pensent que la terre est plate ? ça laisse peut de place à l’espoir je trouve.

Maintenant que l’ambiance a tourné vinaigre, il se peut bien qu’il faille bientôt comme Galilée, raconter des salades pour s’en sortir.

Pirouette, cacahuète…

 

P.S pour mon plaisir réagit en bas de l’article

 

Me retrouver derrière l’écran d’un nouvel ordinateur à écrire un article sur mon site, c’est un peu comme si je me réveillais après une longue agonie ou tout au moins une longue convalescence!  5 ans. J’ai pris une dérouillée mais je finis par dégeler. Attention ! C’est pas encore du tout cuit mais si chaque jour je pleure encore au moins une fois, chaque jour je ris plusieurs fois, chaque jour je dessine parfois, chaque jour je fais un nouveau pas! Aujourd’hui c’est celui-ci. Reprendre le site de Madelon.

Il m’aura fallu cinq ans pour sombrer totalement et remonter sur le pont. Cinq ans entre le dernier article et celui-ci. Cinq ans de petits pas sans prunelle à mes yeux, comme une coque sans phare, un squelette vide, un trou sans coeur, une morale sans chaussette,  une mer sans eau. Cinq ans de tambour à lessiver mes émotions. Mais grâce aux lucioles j’en ressors l’âme polie comme une brique de verre dans le roulis des vagues. C’est pas un vrai galet, c’est un peu bidon mais ça brille et ça tourne presque rond.  C’est aussi ça être mère. Et si les choses doivent être ainsi et bien qu’elles le soient.

J’ai marché aussi. Oh pas pendant 5 ans non, mais par petits bouts jusqu’à l’an passé où je me suis refaite la tête avec 1450km de découvertes ! Si c’est pas une chance que de faire ça à 61 ans ! De Bâle à Leysin, puis de Schaffouse à Chiasso franchement c’était super beau ! Et la joie fût à son comble d’emmener des nouveaux vadrouilleurs et de nouvelles vadrouilleuses sur les chemins de coeur à coeur et de collecter plus de 5000.- pour les enfants. Faudrait que je puisse extraire toutes ces aventures et ces photos de la montagne de sucre sous laquelle je me suis fourvoyée (et sous laquelle je me fourvoie encore) pour vous les montrer.

Je dis haut et fort que je veux quitter Facebook. Idéalement j’aimerai me passer de Facebook, d’Instagram et de WhatsApp mais j’aimerai aussi le faire sans bousiller le peu de vie sociale que j’ai réussi à créer avec bonheur pendant ces 5 ans et sans perdre les mots, les images et les dessins que j’y ai semé. Cela va me prendre un peu de temps mais je suis déterminée à sortir de cette prison.

Je vais écrire les jours qui viennent sur cette démarche. Pour ce soir, je vais m’arrêter là. Vous dire que j’ai déjà mis quelques vadrouilles au calendrier pour celles et ceux que ça tente. Je ne sais pas du tout comment va se passer cette reprise mais je me réjouis.

Bientôt un an que je suis aux Planques.

Mon petit paradis, choisi pour rester non loin des miens tout en respirant un peu à l’écart et laisser vivre la jeunesse.

Au centre de tout, l’amour de mon petit clan, leur réservant, si d’aventure cela pouvait s’avérer utile un havre de fraîcheur pour échapper aux canicules présentes et à venir et un travail de fonds pour réintroduire des compétences abandonnées depuis plus de deux générations. Lectures, vidéos, jardin, pain conserves et tests in situ sans oublier l’arrivée des poulettes !

Depuis un an je recherche les gestes utiles au jardin et en cuisine. J’ai modestement tenté de monter un petit réseau d’entraide entre nous une sorte de circuit entre la plaine et la montagne. Échanges de savoirs et de bons services, compost vs vadrouille, courses vs conserves, poires de Saxon vs oeufs de Luan. Des échanges et des découvertes routinières dont le petit rôle moteur que je m’étais assigné me convenait bien. Au printemps 2020 quand ÇA est arrivé, bien que balbutiant tout était prêt et fonctionnait à merveille.

Privée par essence de mes vadrouilles, mon petit moteur a mis les gaz, s’est nourri dans le soucis pour les autres, il s’est emballé puis à caler. A vouloir l’emmoder il s’est noyé…

… et les passagers pressés s’en sont allés construire leur monde d’après. Paradoxe absolu : les masques sont tombés.

Un an et mon petit paradis est toujours là et je l’aime. J’y voit naître quelques courges et pommes de terre, les poulettes me ravissent et rien ne me sort plus de ma parcelle. Je Glâne sous perfusion depuis Albi, Paris et Alger.

Les gestes pour quitter Les Planques et y revenir, si bien rôdés dans le monde d’avant sont perdus dans des méandres autistiques insondables. Les vrais humains ont disparu. Il n’y a plus de pont plaine-montagne, plus de routines mère-fille, plus de liens vadrouilles-vadrouilleurs. Je suis un peu comme une vieille tôle syphonée, un cube sans face, comme un cerf-volant sans ficelle. Je tombe, tourne en rond, rouille.

Bien que sans barreau, mon petit paradis est en fer. Je m’y asphyxie.

Faudra bien se remettre en marche! Tu m’attaches mes pompes ?

Madelon Pompon chien et Pompon Poule
Anne-Lyse Delvaud, Albi, 10.04.2020

Une pure merveille que ce cadeau qui me vient de loin pour me tenir chaud au moral pendant un passage à vide particulièrement soudain et douloureux.

Comment ne pas être heureux quand on reçoit ça.

Etape 3 Villeneuve – Montreux

10 avril 2014. Je me lève tard, je traine. Je me demande si j’ai bien fait de me défaire de toutes ces choses. Je les ai déposées à la réception et je suis contente de ne plus pouvoir changer d’avis. J’ai le temps et je le prends pour regarder autour de moi.

Je constate que le cycliste a déjà déguerpi, que le camping sent l’été et les vacances balnéaires.

Puis une femme passe, elle n’a pas de chlapettes aux pieds mais des bottes en plastoc, elle revient des sanitaires, elle n’a pas une petite cuvette avec trois tasses mais tire un petit chariot plein de vaisselle, elle n’a pas l’air hirsute du fêtard qui se lève tard mais l’air abattu d’une femme qui n’en peut plus. Je la suis du regard jusqu’à sa tente. Devant jouent trois enfants en survette sale. Ils ne jouent pas vraiment, ils se chamaillent. La femme fatiguée laisse faire, vide sa charrette par plusieurs allées et venues. Je suis saisie et profondément triste je reste perplexe. Cette femme vit ici sans doute depuis des semaines. Il y a des réalités que j’ai peine à comprendre. Je détourne le regard. Plus tard je la vois passer encore avec sa charrette, cette fois-ci, elle se rend aux sanitaires, sa charrette pleine de linge sale, elle manque la collision avec un homme distrait, en chlapettes, torse nu et lunettes de soleil sur le front. Il porte une serviette autour du coup et une trousse de toilette noire à la main. Il y a des réalités qui se croisent sans jamais se voir vraiment. Je ne sais pas si je peux faire quelque chose pour cette femme, mais je ne fais rien.

Aujourd’hui m’attend une étape de malade : 6km ! Faute à mon départ anticipé j’ai coupé en deux l’étape déjà pas très longue qui devait me mener de Villeneuve à Vevey. J’ai ajouté une nuit à l’Auberge de Jeunesse de Montreux. De quoi faire une nouvelle expérience.

J’ai le souvenir de m’être un peu ennuyée pendant cette journée mais pas trop. Il y avait tellement peu à marcher mais tant à s’enivrer. Mon appareil sature un peu les bleus, mais pas tant qu’on pourrait croire. Cette lumière de printemps déjà si belle la veille dans les champs fait merveille sur le lac.

Dans l’après-midi je me suis installée dans une chambre individuelle de cette Auberge et j’ai fait une sieste toute courbaturée des 20 km de la veille. Après le repas du soir dont j’ai totalement oublié le contenu j’ai décidé de sortir au bord de l’eau.

C’est la première fois depuis 10 ou 15 ans que je sors de mon petit confinement personnel au-delà de 18:00 sans motif impératif ! Et je découvre en vrai quelque chose dont je ne possédais que des images ou de vagues souvenirs d’enfance : un coucher de soleil sur le Léman.

Faites … « continuer la lecture » puis aller tout en bas de la page pour commenter. Mon blog sur ma Première Ronde Vaudoise 2014 et mes photos vous on apporté un peu d’air et de plaisir? Vous pouvez liker ou partager voire même disliker.

Etape 2 Aigle – Villeneuve

9 avril 2014
Je réalise en démontant pour la première fois mon campement que tout cela me prend bien trop de temps. Deux heures trente ! Et c’est sans compter le petit déjeuner ! Dont je vais être obligé de faire l’impasse mon ami Rolf, dont la forêt m’a parlé hier a décidé de me rejoindre pour son mercredi de congé.

C’est que, jouer à Tetris en remontant mon barda et tout caser dans le Carrix sans bosse, sans trou et en équilibre tiens déjà du défi dans son salon mais là l’exercice devient chronophage et franchement ridicule.

Il a déjà fallu 5 bonnes minutes pour que, ankylosée par le froid, je puisse m’extraire comme un gros pachyderme de mon palace pliant.. Il me semblait que cette nuit, pour rejoindre les sanitaires j’avais eu moins de peine. J’ai toutes sortes d’expressions qui me viennent à l’esprit comme « on n’est pas sortie de l’auberge », ou « ça va être une autre paire de manches »

En bonne tête de pioche je retrousse mes manches et me mets au démontage et au pliage de mon auberge et je porte une attention particulière à chaque objet non plus à me demander une fois encore si j’en aurai l’utilité un jour mais juste pour les mémoriser. Un peu comme un jeu de Kim.

Je suis quand même interpellée par un tout petit sous plat pliable prévu pour poser mon assiette. Mais je ne change rien et me dépêche J’ai rendez-vous avec Rolf !

Ce qui me reste de cette journée c’est sa lumière ! C’est le premier jour des petites feuilles vertes, les troncs sombres rayonnent derrière le tendre qui naît.

On longe la Grande Eau pour rejoindre les bords du Rhône que l’on longe jusqu’au Vieux Port. Le Léman m’ouvre son coeur.

Et quand je dis que c’est mon premier printemps, c’est à peine une métaphore. Jamais de ma vie jamais je n’ai fait une si longue journée en plein air au printemps. Jamais je n’avais vu tant de vie exploser !
Je suis à la fois émerveillée et rassurée par la puissance de la vie, par ma capacité à la recevoir et même par ce puissant echo fait par le partage de ces émotions loin du verbe. Je sais juste que Rolf partage ce même émerveillement.

Chers, hissons la vie qu’elle vaille bonne heure !

Arrivée à Villeneuve, j’ai remis à Rolf, qui me quitte devant les Flots Bleus, mon grand parasol sachant qu’il ne servira jamais ni sous la pluie ni sous le soleil. Et je me sens soudain plus légère.

Le placeur coince ma tente entre deux caravanes en face d’une autre tente encore plus minuscule que la mienne, celle d’un cycliste dont le barda questionne le mien.

Mais aussi plus ma récitation était longue et plus mon attention quittait la beauté du printemps pour me poser des questions qui n’avaient pas lieu d’être au moment même où je me les posais.

Mon jeu de Kim fonctionne très bien, en tâche de fond je me la suis récité dans et plus je me rappelais d’éléments, plus ma liste était longue et plus je me sens rassurée. C’est le bon point des gros bardas.

C’est ainsi que le soir venu, j’ai repris mes boîtes, mes filets et mes trésors et j’ai trié en tentant de répondre à la question suivante : est-ce que mon aventure serait remise en question si je perdais cet objet ou devrais-je le racheter ? J’ai ainsi mis de côté le sympathique petit sous plat mais aussi le réchaud et ses bonbonnes de rechange, la cantine isolante, sorte de thermos à nourriture, le livre papier, la seconde lampe de poche (j’ai gardé la frontale), le linge de plage conservant un petit linge pour la toilette. J’ai aussi viré la bâche qui si glisse sous la tente et toutes sortes de petits trucs dont j’ai oublié jusqu’à l’existence puis je me suis installée pour ma seconde nuit.

Et, roulement de tambour pour la première fois de ma vie, je suis entrée seule dans un restaurant, le soir. J’ai commandé un rizoto aux asperges et encore une autre première de tous les temps : 1dl de blanc !

Avant de m’endormir assez fière de moi, j’ai regardé les objets que j’avais exclus de mes affaires. J’ai fait un message à ma fille Natacha qu’elle pourrait passer dans la semaine ramasser un sac que je laisserai à la réception des Flots Bleus. Mais juste avant j’ai « volé » dans ce tas quelques trucs appelés « oui mais bon mais c’est pas lourd »…

Il y a encore du chemin pour apprendre à s’alléger.

Tu peux partager, commenter en ouvrant le lien « continuer la lecture » et descendre tout en bas de l’écran, liker, disliker… j’espère que cette lecture vous change un peu les idées. Demain on va à Montreux.

Ce matin 8 avril 2020 je dois partir pour un périple qui me semble absolument insurmontable : aller à la capitale rendre la voiture de mon amie Armelle, me faire rapatrier par mon aînée qui sortira alors de son travail. Une organisation au cordeau qui doit nous permettre de faire des courses chez un grossiste de la Côte puis passer au Landi acheter ce qui manque encore pour les poules.

C’est vraiment généreux de mettre une voiture à ma disposition pendant cette période de confinement mais contre toutes attentes la présence de cette voiture sous mes fenêtres génère plus de stress que de solutions, incapable que je suis d’élaborer des stratégies et des routines provisoires, mon cerveau ne fonctionnant correctement que lorsqu’il cherche une solution pérenne.

Je crois que le temps et moi, le temps qui passe surtout, serons toujours un peu fâchés. Les matins de congé je me réveille avant l’aube me forçant à rester allongée au moins jusqu’à 06:00 du matin alors que mon réveil oublie de sonner les jours comme aujourd’hui, ceux au programme chargés. Alors que je voulais prendre le temps avant de partir de vous conter par le menu mon premier jour de périple il va falloir que je remette ça à ce soir, voire à demain matin.

Sûre! Ce n’est pas cela qui est arrivé en ce 8 avril de 2014. Je me suis levée dans les temps, il pleuvait mais ils annonçaient une embellie avant midi et pour plusieurs jours. Le « temps qu’il fait » il allait être tout à fait clément avec moi et c’est donc « le temps qui passe » qui m’a une fois de plus décidé de me jouer un tour à sa façon.

Je me suis levée comme prévu, je me suis équipée comme prévu, j’ai fermé la porte de ma maison comme prévu aussi et fière comme un pou, j’ai pris la route, ou plutôt le chemin, exactement comme prévu. Direction Aigle !

La porte est fermée et la roue qui tourne quitte le tarmac de mon aéroport maison

Laly et sa maman traverse le village avec moi et avant de me glisser entre les vignes je sers fort fort ma petite fille contre moi. Elle me tend sa peluche qui s’appelle Nane et me demande de l’emporter avec moi.

Bye bye !

A moi le monde solitaire et profond de l’aventurière… je grimpe bien, je ne fais pas cas des petits déséquilibres de mon Carrix, le sac à roulette est un bon moyen de transport mais il demande à ce que la charge soit impeccablement répartie pour rouler sans gêne, je prends ma première photo que je dédie à ma petite fille et accroche Nane au Carrix.

Sur ma poitrine j’ai une petite sacoche avec notamment le carnet contenant le programme, les étapes, les numéros de téléphone. Je profite de cette pause photo pour me rassurer et regarder mon planning. je suis obsédée par mes lieux d’hébergement, je n’ai jamais dormi ou presque jamais dormi ailleurs que chez moi et je me demande toujours comment cela va se passer. J’ai donc minutieusement prévu toutes les étapes, jour par jour, date par date. Je pense que je le connais par coeur mais se rassurer encore et encore ne peut pas faire de mal.

Alors en ce 8 avril 2014, j’insiste comme auteur de ce texte sur cette date pour bien comprendre la suite, ce 8 avril donc au-dessus de Bex, au départ de deux mois de périple et de plus de 500km, sous une petite pluie qui devrait cesser tout soudain je consulte mon petit carnet de route et à la première ligne il est écrit :

9.04.14/ Aigle / Camping de la piscine

Vent de panique ! On m’attend à la première étape demain !
Houlà houlà là… exclu que j’assume un faux départ. Je ne suis qu’à 15 minutes de chez moi mais je n’y suis déjà plus du tout. Rentrer serait renoncer. Il n’est pas question de renoncer.

Qu’à cela ne tienne, je modifie mon programme :
1. Téléphoner au camping d’Aigle, étape 1
2. Téléphoner au camping de Villeneuve étape 2
3. Téléphoner à l’auberge de jeunesse de Montreux et inventer une étape supplémentaire.
4. Me rendre normalement à Vevey pour l’étape 3 qui devient 4.

Je suis impressionnée moi-même de cet esprit d’initiative qui ne me caractérise pas d’ordinaire et je reprends ma route rassurée car tout le monde a pu répondre favorablement à mes changements.

Le pas est moins léger, le Carrix est en fait complétement chaotique et mal chargé, j’en perds ma gourde qui était accrochée sur le côté, mais j’avance sans l’ombre d’un doute sur le fait que j’irai au bout de cette aventure quoi qu’il arrive.

Et puis le premier rayon est arrivé. Juste un peu avant Antagnes. Je me rappelle exactement la sensation qui m’a poussé à saisir cette image. Une chape de plomb qui s’évapore, comme si le soleil du sous bois entrait dans ma vie pour la première fois et cette sensation que jamais rien ne sera plus pareil.

Dans les bois juste avant Antagnes

Ce soleil, ce sous-bois, cet instant me connecte à moi ce qui pourrait ne pas être une surprise mais me connecte aussi immédiatement à un ami, sans que j’ai pu voir venir les choses. Cet ami c’est Rolf un amoureux des arbres et j’ai cette sensation intime que ce sont les arbres qui me parlent de lui alors même que je le connais si peu.

C’est fugace hein. Parce que sortir comme ça son appareil photo de la sacoche à la taille (qui coince un peu) batailler avec la technique pour la mettre la photo en ligne, faire attention à la pluie qui s’égoutte encore des branches tout en gardant le Carrix mal chargé en bon équilibre c’est plus du sport que de la rêverie ou de la philosophie.

Une fois à Ollon je me décourage devant la grande cote à faire au-dessus des vignes pour passer sur Verschiez et je décide de passer par la plaine, faire un peu de bord de route avant de rejoindre Aigle et son camping.

St-Triphon

J’ai hâte d’arriver au terme de cette première journée. Je n’ai pas encore conscience que deux histoires se déroulent simultanément. Celle de la très grande matérialité des choses et celles des pensées volatiles. Celle du Carrix qui penche et celle de mes émotions enfouies. Celle des aléas du chemin et celle des métaphores avec la vie.

J’ai conscience qu’il existe deux histoires mais je ne sais pas encore qu’elles sont inséparables l’une de l’autre et qu’elles vont se nourrir l’une l’autre, se supporter l’une l’autre et que l’une et l’autre vont me révéler.

Le neuf et l’ancien, le vivant et le mort, l’hier et l’aujourd’hui sont fait pour se succéder et se côtoyer. Et c’est ce que m’apprendra ce pommier que je posterai aussi en marchant.

Hier et aujourd’hui

Et puis il y a eu l’arrivée à Aigle ! Et la question qui m’a cloué au sol en arrivant à la réception : Bonjour avez-vous une carte d’identité ?
– euh non pourquoi ?
– Vous n’avez pas de carte d’identité ?
– Bah si mais j’ai pas pris !
– Je ne peux pas vous accepter !
– ???!!! ??? glurp aie… ouille …
– Mais d’où venez-vous ?
– De Bex
– Mais vous avez vite fait d’aller la chercher
– Euh… mais je suis à pied
– Bah… j’en sais rien moi… et personne ne peut vous l’amener ?
– Euh oui je peux essayer. Je vais appeler ma fille mais elle ne pourra rien apporter avant demain. Mais j
– Bon allez-y installez-vous on verra ça.

C’est ainsi que j’appris, que pour voyager dans son pays, il fallait une carte d’identité. De ma vie ne n’ai jamais eu à la présenter qu’à la poste pour retirer un paquet ou un mandat postal.

Merci Natacha ma fille chérie, qui sur ma demande ira chercher cette carte dans mon bureau et la déposera au camping des Flots Bleus à Villeneuve où je suis attendue pour le 9 au soir, pour que je puisse continuer à voyager dans mon pays sans plus être ennuyée.

Camping d’Aigle au soir du 8 avril 2014 avec tout un fatra incroyable

Et puis j’ai hâte de finir cette journée. Je n’ai même plus la force de voir si mon petit réchaud fonctionne, je suis plus perturbée par les ratés, les erreurs de planning, les oublis de choses vitales que par le succès d’avoir enfin levé le camps. Je m’en vais au restaurant manger un morceau et angoissée jusqu’à l’os comme à l’ordinaire, comme en ce soir du 8 avril 2020 je m’endors comme une masse, sous stilnox n’osant même plus réfléchir au lendemain.

Mais je sais que chaque matin est tout neuf et qu’il suffit de s’en souvenir.
A demain.

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Je ne sais plus comment m’occuper. Je parle de 2014 à deux jours du départ.

Parce que ces jours j’ai tant de projets que je peine à tout contenir en 24h. Je monte un poulailler et pour trouver les poules, le foin et de quoi les nourrir je multiplie les contacts téléphoniques (c’est pas mon fort). Au jardin le temps des semis est arrivé, tout est sec et je dois arroser ce qui a déjà germé comme les épinards et les radis. J’ai des vidéos conférences à heures régulières pour mes proches et mes amis, Pompon chien veut ses promenades, Pompon chat est très doux à caresser mais il est plus collant qu’une limace poilue et … je veux écrire mon périple 2014.

C’est un peu la quadrature du cercle. Je me laisse happer malgré moi sur ces réseaux sociaux qui deviennent à la fois stimuli et assommoir et comme mes nuits sont mauvaises c’est à dire courtes et peu déconnectées j’ai de plus en plus de mal à me concentrer et à mener une tâche d’une traite ou à toutes les mener jusqu’au bout.

La situation était similaire en 2014, cet éparpillement et cette déconcentration perpétuelles sauf que je ne savais quoi faire de mes longues journées.

Je revois le parcours.
Bex – Aigle – Villeneuve – Montreux -…

Des étapes assez petites car mes pieds me font toujours très mal à partir du 12ème Km et je n’ai aucune expérience sur le fait de marcher plusieurs jours de suite.

J’ai prévu tous mes hébergements jusqu’en juin. A chaque place de campings, chambres d’hôtes, hôtels, dortoirs j’ai envoyé avec ma confirmation de réservation une procédure à suivre en cas de non présentation avant 18:00 ils doivent appeler mon ami Akim ou la Réga ! Rien que ça ! ll est prévu que j’appelle ma fille chaque jour en prenant le chemin et chaque soir une fois ma tente montée.

Alors quand des âmes gentilles me comparent à Sarah Marquis je m’étrangle. De rire et de honte. Moi je pars pour le tour du canton de Vaud. Je me suis inspirée d’un truc existant. Je ne vais pas manger des serpents et j’ai la boule au ventre.

J’ai donné mes adresses d’hébergement à ma famille et à mes amis vadrouilleurs. Ces quelques personnes, tombées sur mon site vadrouilles et qui s’étaient joint à mes entrainements. J’ai pris du papier à lettre, des enveloppes et des timbres et le joli stylo, petit et pratique offert par Gabriela. J’ai promis d’écrire à chacun et s’ils veulent me répondre ils peuvent m’envoyer leur lettre pour mon retour ou chemin faisant.

Je posterai aussi en marchant une photo par-ci par-là. J’ai même prévu de partager mes dimanches avec les vadrouilleurs, histoire de faire plaisir et de ne pas me transformer en animal sauvage.

J’ai installé ma boîte mails sur mon nouveau smartphone mais personnes ne doit me contacter sauf urgence vitale. Et j’insiste sur le mot vital. Ce n’est pas parce que je ne vais pas à Compostelle comme tout le monde que je dois me laisser distraire par la proximité de mon périple. Mais si Laly a besoin de moi, la bonne excuse, je pourrais vite rentrer.

Ce 7 avril tout est archi prêt pourtant je décide de « mieux faire mon sac ». Et pour la dixième fois en 5 jours, je démonte entièrement le chargement et je l’éparpille dans mon salon. Je passe la journée revoir mon matériel, chargeant encore plus la mule de peur de manquer. Comme il pleut je teste mon attirail une fois encore mais dans mon salon. Certains détails me déplaisent encore et encore et je recommence.

Ah cette peur de manquer ! Elle prend beaucoup de place dans ma vie.

Je n’ai plus la liste exhaustive de son contenu mais il pèse lourd et bien qu’il soit à roulette, que la charge soit répartie entre les épaules et les hanches, bien que le gros du poids s’appuie sur la roue il frise les 20kg et tout ne rentre pas dedans.

Le temps de réévaluer la pertinence de chaque objet et de tout remonter me prends toute la journée, de douter encore et de recommencer. J’en oublie de boire et de manger, je n’ai même pas idée de prendre du temps pour me reposer ou celui de préparer mon appartement aux deux mois d’absence annoncés. Tout cela est irréel.

Remplir ce sac c’est comme jouer à Tetris… je ne supporte aucune bosse, aucune aspérité, aucun faux pli. Je mets les objets dans des boîtes qui elles-mêmes sont dans des sacs, des filets, j’ai peur que tout se mélange, que je ne retrouve rien le moment venu, je fais des listes, des étiquettes, ne supporte ni bavure de stylo ni rature, j’use un paquet entier d’étiquettes et finis par tout enlever, je fais des croquis. Je mets beaucoup de soins car je veux que cette expérience soit parfaite. Je m’épuise.

J’ai de quoi recharger mes batteries, des prises, des câbles et une lampe frontale, de quoi cuisiner, un petit réchaud et deux bonbonnes de rechange car je ne sais pas où je pourrais en racheter, du sel, du poivre, de la sauce à salade, j’ai de quoi me laver, me doucher et même une grande serviette très fine pour pouvoir m’allonger dans l’herbe ou sur une plage, j’ai des habits de rechange, t’shirt, pantalon, pull, chaussettes, sous-vêtements.. tout à triple. Il peut pleuvoir et j’ai peur d’être mouillée et d’avoir froid. J’ai des gants, des bonnets, des tours de cou. J’ai de quoi lire (!) et écrire, une tente et un sac de couchage poids plume, des antipluies, des antifroids et des anticons (j’ai même un spray au poivre que j’ai leu a bonne idée de tester … à l’intérieur, de quoi pleurer de rire). J’ai un appareil photo, des cartes papier et une application numérique que je ne sais pas bien utiliser, une carte bancaire. A la ceinture une gourde et divers accessoires totalement indispensables et autour du coup une pochette avec un carnet me rappelant les étapes et les numéros de téléphone indispensable.

J’ai la certitude d’aller au bout… si ce soir je ne change pas d’avis. Alors c’est décidé je pars demain matin !

Et je n’ai même pas fait l’impasse sur le rouleau de papier toilette !

Vous pouvez commenter ci-dessous, ou liker, disliker sans que je ne sache qui le fait. Une réaction quelle qu’elle soit me motive à continuer. ^^

Mon Carrix à Luan qui m’attend