Mon petit paradis, choisi pour rester non loin des miens tout en respirant un peu à l’écart et laisser vivre la jeunesse.
Au centre de tout, l’amour de mon petit clan, leur réservant, si d’aventure cela pouvait s’avérer utile un havre de fraîcheur pour échapper aux canicules présentes et à venir et un travail de fonds pour réintroduire des compétences abandonnées depuis plus de deux générations. Lectures, vidéos, jardin, pain conserves et tests in situ sans oublier l’arrivée des poulettes !
Depuis un an je recherche les gestes utiles au jardin et en cuisine. J’ai modestement tenté de monter un petit réseau d’entraide entre nous une sorte de circuit entre la plaine et la montagne. Échanges de savoirs et de bons services, compost vs vadrouille, courses vs conserves, poires de Saxon vs oeufs de Luan. Des échanges et des découvertes routinières dont le petit rôle moteur que je m’étais assigné me convenait bien. Au printemps 2020 quand ÇA est arrivé, bien que balbutiant tout était prêt et fonctionnait à merveille.
Privée par essence de mes vadrouilles, mon petit moteur a mis les gaz, s’est nourri dans le soucis pour les autres, il s’est emballé puis à caler. A vouloir l’emmoder il s’est noyé…
… et les passagers pressés s’en sont allés construire leur monde d’après. Paradoxe absolu : les masques sont tombés.
Un an et mon petit paradis est toujours là et je l’aime. J’y voit naître quelques courges et pommes de terre, les poulettes me ravissent et rien ne me sort plus de ma parcelle. Je Glâne sous perfusion depuis Albi, Paris et Alger.
Les gestes pour quitter Les Planques et y revenir, si bien rôdés dans le monde d’avant sont perdus dans des méandres autistiques insondables. Les vrais humains ont disparu. Il n’y a plus de pont plaine-montagne, plus de routines mère-fille, plus de liens vadrouilles-vadrouilleurs. Je suis un peu comme une vieille tôle syphonée, un cube sans face, comme un cerf-volant sans ficelle. Je tombe, tourne en rond, rouille.
Bien que sans barreau, mon petit paradis est en fer. Je m’y asphyxie.
Faudra bien se remettre en marche! Tu m’attaches mes pompes ?
10 avril 2014. Je me lève tard, je traine. Je me demande si j’ai bien fait de me défaire de toutes ces choses. Je les ai déposées à la réception et je suis contente de ne plus pouvoir changer d’avis. J’ai le temps et je le prends pour regarder autour de moi.
Je constate que le cycliste a déjà déguerpi, que le camping sent l’été et les vacances balnéaires.
Puis une femme passe, elle n’a pas de chlapettes aux pieds mais des bottes en plastoc, elle revient des sanitaires, elle n’a pas une petite cuvette avec trois tasses mais tire un petit chariot plein de vaisselle, elle n’a pas l’air hirsute du fêtard qui se lève tard mais l’air abattu d’une femme qui n’en peut plus. Je la suis du regard jusqu’à sa tente. Devant jouent trois enfants en survette sale. Ils ne jouent pas vraiment, ils se chamaillent. La femme fatiguée laisse faire, vide sa charrette par plusieurs allées et venues. Je suis saisie et profondément triste je reste perplexe. Cette femme vit ici sans doute depuis des semaines. Il y a des réalités que j’ai peine à comprendre. Je détourne le regard. Plus tard je la vois passer encore avec sa charrette, cette fois-ci, elle se rend aux sanitaires, sa charrette pleine de linge sale, elle manque la collision avec un homme distrait, en chlapettes, torse nu et lunettes de soleil sur le front. Il porte une serviette autour du coup et une trousse de toilette noire à la main. Il y a des réalités qui se croisent sans jamais se voir vraiment. Je ne sais pas si je peux faire quelque chose pour cette femme, mais je ne fais rien.
Aujourd’hui m’attend une étape de malade : 6km ! Faute à mon départ anticipé j’ai coupé en deux l’étape déjà pas très longue qui devait me mener de Villeneuve à Vevey. J’ai ajouté une nuit à l’Auberge de Jeunesse de Montreux. De quoi faire une nouvelle expérience.
J’ai le souvenir de m’être un peu ennuyée pendant cette journée mais pas trop. Il y avait tellement peu à marcher mais tant à s’enivrer. Mon appareil sature un peu les bleus, mais pas tant qu’on pourrait croire. Cette lumière de printemps déjà si belle la veille dans les champs fait merveille sur le lac.
Dans l’après-midi je me suis installée dans une chambre individuelle de cette Auberge et j’ai fait une sieste toute courbaturée des 20 km de la veille. Après le repas du soir dont j’ai totalement oublié le contenu j’ai décidé de sortir au bord de l’eau.
C’est la première fois depuis 10 ou 15 ans que je sors de mon petit confinement personnel au-delà de 18:00 sans motif impératif ! Et je découvre en vrai quelque chose dont je ne possédais que des images ou de vagues souvenirs d’enfance : un coucher de soleil sur le Léman.
Faites … « continuer la lecture » puis aller tout en bas de la page pour commenter. Mon blog sur ma Première Ronde Vaudoise 2014 et mes photos vous on apporté un peu d’air et de plaisir? Vous pouvez liker ou partager voire même disliker.
9 avril 2014 Je réalise en démontant pour la première fois mon campement que tout cela me prend bien trop de temps. Deux heures trente ! Et c’est sans compter le petit déjeuner ! Dont je vais être obligé de faire l’impasse mon ami Rolf, dont la forêt m’a parlé hier a décidé de me rejoindre pour son mercredi de congé.
C’est que, jouer à Tetris en remontant mon barda et tout caser dans le Carrix sans bosse, sans trou et en équilibre tiens déjà du défi dans son salon mais là l’exercice devient chronophage et franchement ridicule.
Il a déjà fallu 5 bonnes minutes pour que, ankylosée par le froid, je puisse m’extraire comme un gros pachyderme de mon palace pliant.. Il me semblait que cette nuit, pour rejoindre les sanitaires j’avais eu moins de peine. J’ai toutes sortes d’expressions qui me viennent à l’esprit comme « on n’est pas sortie de l’auberge », ou « ça va être une autre paire de manches »
En bonne tête de pioche je retrousse mes manches et me mets au démontage et au pliage de mon auberge et je porte une attention particulière à chaque objet non plus à me demander une fois encore si j’en aurai l’utilité un jour mais juste pour les mémoriser. Un peu comme un jeu de Kim.
Je suis quand même interpellée par un tout petit sous plat pliable prévu pour poser mon assiette. Mais je ne change rien et me dépêche J’ai rendez-vous avec Rolf !
Ce qui me reste de cette journée c’est sa lumière ! C’est le premier jour des petites feuilles vertes, les troncs sombres rayonnent derrière le tendre qui naît.
On longe la Grande Eau pour rejoindre les bords du Rhône que l’on longe jusqu’au Vieux Port. Le Léman m’ouvre son coeur.
Et quand je dis que c’est mon premier printemps, c’est à peine une métaphore. Jamais de ma vie jamais je n’ai fait une si longue journée en plein air au printemps. Jamais je n’avais vu tant de vie exploser ! Je suis à la fois émerveillée et rassurée par la puissance de la vie, par ma capacité à la recevoir et même par ce puissant echo fait par le partage de ces émotions loin du verbe. Je sais juste que Rolf partage ce même émerveillement.
Chers, hissons la vie qu’elle vaille bonne heure !
Arrivée à Villeneuve, j’ai remis à Rolf, qui me quitte devant les Flots Bleus, mon grand parasol sachant qu’il ne servira jamais ni sous la pluie ni sous le soleil. Et je me sens soudain plus légère.
Le placeur coince ma tente entre deux caravanes en face d’une autre tente encore plus minuscule que la mienne, celle d’un cycliste dont le barda questionne le mien.
Mais aussi plus ma récitation était longue et plus mon attention quittait la beauté du printemps pour me poser des questions qui n’avaient pas lieu d’être au moment même où je me les posais.
Mon jeu de Kim fonctionne très bien, en tâche de fond je me la suis récité dans et plus je me rappelais d’éléments, plus ma liste était longue et plus je me sens rassurée. C’est le bon point des gros bardas.
C’est ainsi que le soir venu, j’ai repris mes boîtes, mes filets et mes trésors et j’ai trié en tentant de répondre à la question suivante : est-ce que mon aventure serait remise en question si je perdais cet objet ou devrais-je le racheter ? J’ai ainsi mis de côté le sympathique petit sous plat mais aussi le réchaud et ses bonbonnes de rechange, la cantine isolante, sorte de thermos à nourriture, le livre papier, la seconde lampe de poche (j’ai gardé la frontale), le linge de plage conservant un petit linge pour la toilette. J’ai aussi viré la bâche qui si glisse sous la tente et toutes sortes de petits trucs dont j’ai oublié jusqu’à l’existence puis je me suis installée pour ma seconde nuit.
Et, roulement de tambour pour la première fois de ma vie, je suis entrée seule dans un restaurant, le soir. J’ai commandé un rizoto aux asperges et encore une autre première de tous les temps : 1dl de blanc !
Avant de m’endormir assez fière de moi, j’ai regardé les objets que j’avais exclus de mes affaires. J’ai fait un message à ma fille Natacha qu’elle pourrait passer dans la semaine ramasser un sac que je laisserai à la réception des Flots Bleus. Mais juste avant j’ai « volé » dans ce tas quelques trucs appelés « oui mais bon mais c’est pas lourd »…
Il y a encore du chemin pour apprendre à s’alléger.
Tu peux partager, commenter en ouvrant le lien « continuer la lecture » et descendre tout en bas de l’écran, liker, disliker… j’espère que cette lecture vous change un peu les idées. Demain on va à Montreux.
Ce matin 8 avril 2020 je dois partir pour un périple qui me semble absolument insurmontable : aller à la capitale rendre la voiture de mon amie Armelle, me faire rapatrier par mon aînée qui sortira alors de son travail. Une organisation au cordeau qui doit nous permettre de faire des courses chez un grossiste de la Côte puis passer au Landi acheter ce qui manque encore pour les poules.
C’est vraiment généreux de mettre une voiture à ma disposition pendant cette période de confinement mais contre toutes attentes la présence de cette voiture sous mes fenêtres génère plus de stress que de solutions, incapable que je suis d’élaborer des stratégies et des routines provisoires, mon cerveau ne fonctionnant correctement que lorsqu’il cherche une solution pérenne.
Je crois que le temps et moi, le temps qui passe surtout, serons toujours un peu fâchés. Les matins de congé je me réveille avant l’aube me forçant à rester allongée au moins jusqu’à 06:00 du matin alors que mon réveil oublie de sonner les jours comme aujourd’hui, ceux au programme chargés. Alors que je voulais prendre le temps avant de partir de vous conter par le menu mon premier jour de périple il va falloir que je remette ça à ce soir, voire à demain matin.
Sûre! Ce n’est pas cela qui est arrivé en ce 8 avril de 2014. Je me suis levée dans les temps, il pleuvait mais ils annonçaient une embellie avant midi et pour plusieurs jours. Le « temps qu’il fait » il allait être tout à fait clément avec moi et c’est donc « le temps qui passe » qui m’a une fois de plus décidé de me jouer un tour à sa façon.
Je me suis levée comme prévu, je me suis équipée comme prévu, j’ai fermé la porte de ma maison comme prévu aussi et fière comme un pou, j’ai pris la route, ou plutôt le chemin, exactement comme prévu. Direction Aigle !
Laly et sa maman traverse le village avec moi et avant de me glisser entre les vignes je sers fort fort ma petite fille contre moi. Elle me tend sa peluche qui s’appelle Nane et me demande de l’emporter avec moi.
A moi le monde solitaire et profond de l’aventurière… je grimpe bien, je ne fais pas cas des petits déséquilibres de mon Carrix, le sac à roulette est un bon moyen de transport mais il demande à ce que la charge soit impeccablement répartie pour rouler sans gêne, je prends ma première photo que je dédie à ma petite fille et accroche Nane au Carrix.
Sur ma poitrine j’ai une petite sacoche avec notamment le carnet contenant le programme, les étapes, les numéros de téléphone. Je profite de cette pause photo pour me rassurer et regarder mon planning. je suis obsédée par mes lieux d’hébergement, je n’ai jamais dormi ou presque jamais dormi ailleurs que chez moi et je me demande toujours comment cela va se passer. J’ai donc minutieusement prévu toutes les étapes, jour par jour, date par date. Je pense que je le connais par coeur mais se rassurer encore et encore ne peut pas faire de mal.
Alors en ce 8 avril 2014, j’insiste comme auteur de ce texte sur cette date pour bien comprendre la suite, ce 8 avril donc au-dessus de Bex, au départ de deux mois de périple et de plus de 500km, sous une petite pluie qui devrait cesser tout soudain je consulte mon petit carnet de route et à la première ligne il est écrit :
9.04.14/ Aigle / Camping de la piscine
Vent de panique ! On m’attend à la première étape demain ! Houlà houlà là… exclu que j’assume un faux départ. Je ne suis qu’à 15 minutes de chez moi mais je n’y suis déjà plus du tout. Rentrer serait renoncer. Il n’est pas question de renoncer.
Qu’à cela ne tienne, je modifie mon programme : 1. Téléphoner au camping d’Aigle, étape 1 2. Téléphoner au camping de Villeneuve étape 2 3. Téléphoner à l’auberge de jeunesse de Montreux et inventer une étape supplémentaire. 4. Me rendre normalement à Vevey pour l’étape 3 qui devient 4.
Je suis impressionnée moi-même de cet esprit d’initiative qui ne me caractérise pas d’ordinaire et je reprends ma route rassurée car tout le monde a pu répondre favorablement à mes changements.
Le pas est moins léger, le Carrix est en fait complétement chaotique et mal chargé, j’en perds ma gourde qui était accrochée sur le côté, mais j’avance sans l’ombre d’un doute sur le fait que j’irai au bout de cette aventure quoi qu’il arrive.
Et puis le premier rayon est arrivé. Juste un peu avant Antagnes. Je me rappelle exactement la sensation qui m’a poussé à saisir cette image. Une chape de plomb qui s’évapore, comme si le soleil du sous bois entrait dans ma vie pour la première fois et cette sensation que jamais rien ne sera plus pareil.
Ce soleil, ce sous-bois, cet instant me connecte à moi ce qui pourrait ne pas être une surprise mais me connecte aussi immédiatement à un ami, sans que j’ai pu voir venir les choses. Cet ami c’est Rolf un amoureux des arbres et j’ai cette sensation intime que ce sont les arbres qui me parlent de lui alors même que je le connais si peu.
C’est fugace hein. Parce que sortir comme ça son appareil photo de la sacoche à la taille (qui coince un peu) batailler avec la technique pour la mettre la photo en ligne, faire attention à la pluie qui s’égoutte encore des branches tout en gardant le Carrix mal chargé en bon équilibre c’est plus du sport que de la rêverie ou de la philosophie.
Une fois à Ollon je me décourage devant la grande cote à faire au-dessus des vignes pour passer sur Verschiez et je décide de passer par la plaine, faire un peu de bord de route avant de rejoindre Aigle et son camping.
J’ai hâte d’arriver au terme de cette première journée. Je n’ai pas encore conscience que deux histoires se déroulent simultanément. Celle de la très grande matérialité des choses et celles des pensées volatiles. Celle du Carrix qui penche et celle de mes émotions enfouies. Celle des aléas du chemin et celle des métaphores avec la vie.
J’ai conscience qu’il existe deux histoires mais je ne sais pas encore qu’elles sont inséparables l’une de l’autre et qu’elles vont se nourrir l’une l’autre, se supporter l’une l’autre et que l’une et l’autre vont me révéler.
Le neuf et l’ancien, le vivant et le mort, l’hier et l’aujourd’hui sont fait pour se succéder et se côtoyer. Et c’est ce que m’apprendra ce pommier que je posterai aussi en marchant.
Et puis il y a eu l’arrivée à Aigle ! Et la question qui m’a cloué au sol en arrivant à la réception : Bonjour avez-vous une carte d’identité ? – euh non pourquoi ? – Vous n’avez pas de carte d’identité ? – Bah si mais j’ai pas pris ! – Je ne peux pas vous accepter ! – ???!!! ??? glurp aie… ouille … – Mais d’où venez-vous ? – De Bex – Mais vous avez vite fait d’aller la chercher – Euh… mais je suis à pied – Bah… j’en sais rien moi… et personne ne peut vous l’amener ? – Euh oui je peux essayer. Je vais appeler ma fille mais elle ne pourra rien apporter avant demain. Mais j – Bon allez-y installez-vous on verra ça.
C’est ainsi que j’appris, que pour voyager dans son pays, il fallait une carte d’identité. De ma vie ne n’ai jamais eu à la présenter qu’à la poste pour retirer un paquet ou un mandat postal.
Merci Natacha ma fille chérie, qui sur ma demande ira chercher cette carte dans mon bureau et la déposera au camping des Flots Bleus à Villeneuve où je suis attendue pour le 9 au soir, pour que je puisse continuer à voyager dans mon pays sans plus être ennuyée.
Et puis j’ai hâte de finir cette journée. Je n’ai même plus la force de voir si mon petit réchaud fonctionne, je suis plus perturbée par les ratés, les erreurs de planning, les oublis de choses vitales que par le succès d’avoir enfin levé le camps. Je m’en vais au restaurant manger un morceau et angoissée jusqu’à l’os comme à l’ordinaire, comme en ce soir du 8 avril 2020 je m’endors comme une masse, sous stilnox n’osant même plus réfléchir au lendemain.
Mais je sais que chaque matin est tout neuf et qu’il suffit de s’en souvenir. A demain.
Vous pouvez réagir ci-dessous en cliquant sur « voir la suite » en bas de la page. Commentaire anonyme ou non, et like ou dislike totalement anonyme. Vos réactions m’encouragent à continuer.
Je ne sais plus comment m’occuper. Je parle de 2014 à deux jours du départ.
Parce que ces jours j’ai tant de projets que je peine à tout contenir en 24h. Je monte un poulailler et pour trouver les poules, le foin et de quoi les nourrir je multiplie les contacts téléphoniques (c’est pas mon fort). Au jardin le temps des semis est arrivé, tout est sec et je dois arroser ce qui a déjà germé comme les épinards et les radis. J’ai des vidéos conférences à heures régulières pour mes proches et mes amis, Pompon chien veut ses promenades, Pompon chat est très doux à caresser mais il est plus collant qu’une limace poilue et … je veux écrire mon périple 2014.
C’est un peu la quadrature du cercle. Je me laisse happer malgré moi sur ces réseaux sociaux qui deviennent à la fois stimuli et assommoir et comme mes nuits sont mauvaises c’est à dire courtes et peu déconnectées j’ai de plus en plus de mal à me concentrer et à mener une tâche d’une traite ou à toutes les mener jusqu’au bout.
La situation était similaire en 2014, cet éparpillement et cette déconcentration perpétuelles sauf que je ne savais quoi faire de mes longues journées.
Je revois le parcours. Bex – Aigle – Villeneuve – Montreux -…
Des étapes assez petites car mes pieds me font toujours très mal à partir du 12ème Km et je n’ai aucune expérience sur le fait de marcher plusieurs jours de suite.
J’ai prévu tous mes hébergements jusqu’en juin. A chaque place de campings, chambres d’hôtes, hôtels, dortoirs j’ai envoyé avec ma confirmation de réservation une procédure à suivre en cas de non présentation avant 18:00 ils doivent appeler mon ami Akim ou la Réga ! Rien que ça ! ll est prévu que j’appelle ma fille chaque jour en prenant le chemin et chaque soir une fois ma tente montée.
Alors quand des âmes gentilles me comparent à Sarah Marquis je m’étrangle. De rire et de honte. Moi je pars pour le tour du canton de Vaud. Je me suis inspirée d’un truc existant. Je ne vais pas manger des serpents et j’ai la boule au ventre.
J’ai donné mes adresses d’hébergement à ma famille et à mes amis vadrouilleurs. Ces quelques personnes, tombées sur mon site vadrouilles et qui s’étaient joint à mes entrainements. J’ai pris du papier à lettre, des enveloppes et des timbres et le joli stylo, petit et pratique offert par Gabriela. J’ai promis d’écrire à chacun et s’ils veulent me répondre ils peuvent m’envoyer leur lettre pour mon retour ou chemin faisant.
Je posterai aussi en marchant une photo par-ci par-là. J’ai même prévu de partager mes dimanches avec les vadrouilleurs, histoire de faire plaisir et de ne pas me transformer en animal sauvage.
J’ai installé ma boîte mails sur mon nouveau smartphone mais personnes ne doit me contacter sauf urgence vitale. Et j’insiste sur le mot vital. Ce n’est pas parce que je ne vais pas à Compostelle comme tout le monde que je dois me laisser distraire par la proximité de mon périple. Mais si Laly a besoin de moi, la bonne excuse, je pourrais vite rentrer.
Ce 7 avril tout est archi prêt pourtant je décide de « mieux faire mon sac ». Et pour la dixième fois en 5 jours, je démonte entièrement le chargement et je l’éparpille dans mon salon. Je passe la journée revoir mon matériel, chargeant encore plus la mule de peur de manquer. Comme il pleut je teste mon attirail une fois encore mais dans mon salon. Certains détails me déplaisent encore et encore et je recommence.
Ah cette peur de manquer ! Elle prend beaucoup de place dans ma vie.
Je n’ai plus la liste exhaustive de son contenu mais il pèse lourd et bien qu’il soit à roulette, que la charge soit répartie entre les épaules et les hanches, bien que le gros du poids s’appuie sur la roue il frise les 20kg et tout ne rentre pas dedans.
Le temps de réévaluer la pertinence de chaque objet et de tout remonter me prends toute la journée, de douter encore et de recommencer. J’en oublie de boire et de manger, je n’ai même pas idée de prendre du temps pour me reposer ou celui de préparer mon appartement aux deux mois d’absence annoncés. Tout cela est irréel.
Remplir ce sac c’est comme jouer à Tetris… je ne supporte aucune bosse, aucune aspérité, aucun faux pli. Je mets les objets dans des boîtes qui elles-mêmes sont dans des sacs, des filets, j’ai peur que tout se mélange, que je ne retrouve rien le moment venu, je fais des listes, des étiquettes, ne supporte ni bavure de stylo ni rature, j’use un paquet entier d’étiquettes et finis par tout enlever, je fais des croquis. Je mets beaucoup de soins car je veux que cette expérience soit parfaite. Je m’épuise.
J’ai de quoi recharger mes batteries, des prises, des câbles et une lampe frontale, de quoi cuisiner, un petit réchaud et deux bonbonnes de rechange car je ne sais pas où je pourrais en racheter, du sel, du poivre, de la sauce à salade, j’ai de quoi me laver, me doucher et même une grande serviette très fine pour pouvoir m’allonger dans l’herbe ou sur une plage, j’ai des habits de rechange, t’shirt, pantalon, pull, chaussettes, sous-vêtements.. tout à triple. Il peut pleuvoir et j’ai peur d’être mouillée et d’avoir froid. J’ai des gants, des bonnets, des tours de cou. J’ai de quoi lire (!) et écrire, une tente et un sac de couchage poids plume, des antipluies, des antifroids et des anticons (j’ai même un spray au poivre que j’ai leu a bonne idée de tester … à l’intérieur, de quoi pleurer de rire). J’ai un appareil photo, des cartes papier et une application numérique que je ne sais pas bien utiliser, une carte bancaire. A la ceinture une gourde et divers accessoires totalement indispensables et autour du coup une pochette avec un carnet me rappelant les étapes et les numéros de téléphone indispensable.
J’ai la certitude d’aller au bout… si ce soir je ne change pas d’avis. Alors c’est décidé je pars demain matin !
Et je n’ai même pas fait l’impasse sur le rouleau de papier toilette !
Vous pouvez commenter ci-dessous, ou liker, disliker sans que je ne sache qui le fait. Une réaction quelle qu’elle soit me motive à continuer. ^^
En ce 6 avril 2014, je ronge mon frein. Il fait beau, les oiseaux appellent à l’évasion, mon sac est prêt, tout est bouclé, le parcours est imprimé sur autant de feuilles A4 que nécessaire (un sacré paquet dont j’ai fait parvenir la moité à mon médecin psychiatre que je dois rencontrer à mi-parcours parce que le tout est vraiment trop lourd et trop volumineux). Je suis fin prête je pourrais aller dire au revoir aux amis, à la famille, aux voisins… je pourrais aller en terrasse ou boire un thé sur le balcon mais je reste confinée à la maison.
Cette attente et cette inaction me montent à la tête.
Le jour du départ est programmé pour le 9 avril et tous mes hébergements sont prévus soir après soir jusqu’au 8 juin. Blindé !
Je pourrais parler de cette incapacité à aller me promener autour de chez moi en attendant le 9 avril pour me détendre et penser à autre chose. Je pourrais car, en ces jours de pandémies, alors que la montagne s’offre à moi et que la forêt me tend les bras, quelque chose de similaire colle mes pieds au tarmac de ma Planque. C’est mon effet covidolatéral à moi, cette colle qui s’était bien diluée au point de ne plus me retenir s’est à nouveau infiltrée sous mes semelles. L’angoisse de la sortie de périmètre m’envahit tous les matins et tous les matins je bénis ce confinement forcé.
C’est d’ailleurs cette colle qui m’a poussé à organiser ce périple en 2014. Dépasser cette phobie de sortir de chez moi !
Je dois pourtant reconnaitre qu’on fait toujours bien de sortir, ne serait-ce que quelques pas mais un truc me saisit dans le ventre au moment de franchir le périmètre que je m’impartis. Aujourd’hui mon jardin, hier ma terrasse, avant hier ma chambre.
C’est bien la marche au long cours qui ont rendus mes départs en vadrouille plus supportables et ce sont bien tous ces rendez-vous de vadrouille qui ont petit à petit fait baisser le niveau d’anxiété à franchir mon pas de porte ou périmètre autorisé.
Ne me demandez pas qui autorise ce franchissement, je n’en sais rien et ce n’est pas faute d’avoir cherché pendant des années et des années en thérapie, il n’a ni forme, ni lieu, ni souvenir et afin de combattre cette phobie j’ai cessé de chercher le pourquoi pour m’attacher à trouver le comment.
Comment enfreindre cette loi que personne n’a jamais promulguée celle qui m’interdit de sortir de chez moi, comment faire pour passer outre et sortir de mon périmètre quand même.
A l’époque je m’étais faite violence un jour par semaine, le dimanche et ayant obtenu un certain bien être ma devise est devenue : on fait toujours bien de sortir.
C’est en cherchant à répondre à cette question, « comment pourrais-tu sortir de chez toi sans angoisser deux heures chaque matin et sans rester pétrifiée deux heures chaque soir au retour » (je parlerai des retours une autre fois mais la question n’est toujours par réglée) que j’ai choisi une combine qui allait me permettre de ne partir qu’une fois et de ne rentrer qu’une fois.
Bah vous avez cru que faire un périple était une marque de bravoure ? Eh ben non c’était juste l’échafaudage d’une solution moins couteuse en énergie que d’aller faire des belles randos comme tout le monde.
C’est donc une politique d’évitement comme détestent tous les psy bien formés de Romandie et d’ailleurs, qui a donné naissance à ce projet de faire 550 km à pied sans rentrer chez moi. Cela fait deux ans que je prépare ce tour. Matériel, parcours, questionnement. Pendant 2 ans j’ai décidé tous les soirs d’abandonner ce projet fou et j’ai décidé tous les matins que j’allais quand même le préparer, même si je devais y renoncer.
En avril 2014… Plus que 3 jours et c’est le départ ! je reste confinée dans ma maison, dans mon appartement, dans ma chambre et même dans mon lit en attendant cet improbable départ.
A ce stade je pense que je suis complétement folle, que personne n’a jamais fait une chose pareil et que c’est bien étrange qu’aucun médecin n’ait songé à m’enfermer pour m’en empêcher. Je suis à deux doigts de trouver ça très très louche et je m’attends à voir débarquer des blouses blanches à tous moments. Heureusement que je n’ai jamais dit à personne que j’étais parano.
Vous pouvez réagir ci-dessous. Moins de FB + de libertés. Bonne journée
Dans 4 jours, le 8 avril je fête le début de ma Première ronde vaudoise qui dura 2 mois en 2014 soit jusqu’au 8 juin.
Je n’avais pas FB et je postais alors quelques photos par jour sur mon blog des vadrouilles.
J’ai mis sous l’entrée « Périples » en menu déroulant les photos de mes divers périples dont cette ronde vaudoise de 2014. Malheureusement techniquement je ne sais pas comment ne pas présenter ces photos à l’envers, soit de l’arrivée au départ…
L’année suivante, j’ai fait un compte FB et j’ai commencé en publiant chaque jour, un an jour pour jour, des photos de ce tour qui m’aura transformée en profondeur, même si je n’avais pas conscience à quel point cette année là tout à changé pour moi.
Avant ma première ronde vaudoise je n’avais jamais vécu et toujours subi, je n’avais aucune autonomie et je passais le clair de mon temps à répondre aux demandes, aux exigences des gens et de la vie, j’étais accablée par mes pathologies, incapables de voir qu’il ne fallait pas grand chose pour avoir du pouvoir sur soi-même.
Il est possible que je raconte ce tour ici jour par jour. C’est un souhait en tous cas.
Cette ronde c’est 500 km, pour moi qui n’en ai jamais fait que 10 à la fois, loin de chez moi, pendant 2 mois, moi qui ne sortais plus de chez moi.
A la vérité ce tour à commencé 2 ans avant, quand la réalité de ma personne m’est apparue comme insupportable. je boitais bas depuis des mois et je pesais plus de 100kg…
Au fil des jours ou dès maintenant si vous avez des questions, cela m’aidera à raconter cette fabuleuse aventure, celle qui fait que je suis qui je suis.
Vous pouvez liker ou disliker ci-dessous et même commenter. Je ne donne les coordonnées à personne, il n’y a pas besoin de s’inscrire pour commenter. Voilà… un peu moins de FB et un peu plus de liberté ^^
Tous mes timing sont trop courts. Tout passe trop vite en ce moment. A peine le réveil sonne que mes yeux doivent contempler le coucher du soleil.
Je dois lutter contre la chronophagie de certains éléments.
On pourrait faire un inventaires des éléments chronophages, il y en a de faciles à lister comme les réseaux sociaux ou les petits jeux en ligne dont nous n’arriverions pas à nous défaire. Parfois, mais ce n’est pas mon cas, l’abus d’alcool, je n’aime pas ça, ou de produits stupéfiants.
Il y en a encore d’autres comme les routines qui n’ont plus de fondement, la destructuration des exigences sociales et donc celle de notre emploi du temps. Il a toutes les intrusions dans notre sphère intime dues à une barrière. Ces intrusions ayant changé de forme nous n’avons peut être pas encore repositionné nos barrières de façon efficace, la désorganisation collective, celle de nos proches ou encore un mauvais équilibre entre toutes ces interactions sociales par écran interposés.
Mais qu’est-ce qui m’empêche de mettre de l’ordre dans tout ça afin de retrouver une dynamique efficace et surtout satisfaisante malgré les restrictions qu’imposent la situation ?
Il y a évidemment la situation globale avec son flot de nouvelles sidérantes, c’est le bon mot, et son cortège de pensées envahissantes et aussi cette impossibilité de gérer les projets avec les ressources et compétences habituelles.
Je ne peux pas lutter contre la gloutonnerie chronophage des Réseaux sociaux et autres parasites chronophage si je me contente d’excuser cet état par la situation.
Je me dois d’aller regarder qu’elle est cette source qui donne vie à tant de peurs d’anxiété en flots continus. Est-ce vraiment et uniquement ce Corona virus ?
Je me rappelle avoir découvert autrefois que mes tocs, mes phobies et mes angoisses existentielles, étaient toujours liées à l’angoisse de la finitude, à la réalité de l’immense désarroi de la condition humaine. Quelque soit le problème j’arrivai à ce constat. Et quand bien même je n’avais jamais eu peur de mourir je réalisais à quel point ce que la vie, liée à la condition humaine peut avoir d’effrayant. Ce vide sidéral de la finitude donne le vertige provoque des nausées et finit par entraver la vie.
Comment alors la vie a-t-elle été possible jusque là ?
Cette condition humaine a été merveilleusement transcendée par l’humain lui-même au fil des siècles, grâce aux Arts notamment, ce mot art qui a donné naissance à aux mots tels que artifices ou artificiels qu’on devrait cesser de décrier.
Ce n’est pas réellement cette effroyable épidémie qui nous ronge mais la prise de conscience de notre réelle condition humaine sur cette planète. Et cette impérative nécessité de créer de nouveaux artifices, de venir art, de trouver un nouvel art de vivre.
Je vais maintenant devoir me questionner sur ce qu’est l’art de vivre… Mais pour le moment, moi qui ai commencé ce texte dans l’idée de le faire court et aussi d’explorer les moyens d’avoir plus de temps disponible dans ma journée la matinée est finie depuis belle lurette et je n’ai pas encore sorti mon chien… pfffff
Mais je sais que si je ne vais pas chercher à la source je ne trouverais pas comment régler mon emploi du temps surchargé ni comment cesser d’être débordée de choses à faire du matin au soir sans qu’au final rien ne soit fait vraiment ou donne satisfaction…
Certains doivent jongler avec les tâches quotidiennes pour tout circoncire et garder le mouvement et d’autres tentent d’apprivoiser leur nouveau balancier pour garder l’équilibre sur la corde tendue entre deux mondes. Celui qui a été et celui qui sera.
Le monde que nous quittons malgré nous, ce monde dont nous connaissons les erreurs et les horreurs, nous en sommes déjà nostalgiques et il est à peu près certain que malgré nos envies secrètes de changements profonds nous ferons tout pour revenir à l’identique.
Cette thématique du changement a toujours pris beaucoup de place dans ma vie à cause des nombreuses crises qui se sont imposées à moi et qui m’ont obligé à des remaniements parfois brutaux dans mon parcours de vie.
J’ai dis aussi que j’ai déjà eu plusieurs vies. En réalité nous n’en avons qu’une seule parce que nous ne mourrons qu’une fois. Par contre nous devons faire face qu’on le veuille ou non à toutes ces ruptures, ces deuils, ces agressions qui transforment nos existences en passant par des cataclysmes, des champs de bataille. Et l’on doit, qu’on le veuille ou non, affronter ces petites morts, ces bouleversements. Tant que nous sommes vivants il va nous falloir marcher jusqu’à ne plus pouvoir mettre un pied devant l’autre, se reposer et se relever.
Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes en crise, l’angoisse d’un monde dépressionnaire nous saisi tous, nous ballote entre l’espoir nécessaire et la peur légitime.
Je ne peux pas m’empêcher de tirer des parallèles avec les graves dépressions qui m’ont confinées presque 10 ans dans les hôpitaux psychiatriques parce qu’une crise et une crise et que très vite je réalise, dans le contexte actuel, que je peux m’appuyer avec succès sur plusieurs découvertes faite lors d’expériences traumatiques et déceler dans leurs résiliences les pistes nécessaires à un certain bien être.
Je crois voir au travers des financements massifs, annoncés, les chiffres donnent le vertiges, que tout est et sera mis en oeuvre pour retrouver le monde tel qu’il était avant le choc. Exactement comme l’individu atteint une première fois par une décompensation psychique a pour seul objectif illusoirement atteignable : le « retour à la normale »
Dans des trajectoires moins chaotiques on retrouve le même mouvement de rétropédalage lorsque l’on ne change rien après un burn out et que retourner à sa vie d’avant parait plus facile que de faire peau neuve ou quand on ne peut s’empêcher de tomber amoureux après une grosse crise conjugale ou un divorce.
La question me taraude, est-ce que l’on pourrait appliquer à une crise planétaire le même plan de résistance (et de résilience) que celui appliqué lors d’une crise individuelle ?
Dans la résolution d’une crise personnelle, pour se relever j’ai retenu qu’il fallait en tout premier lieu travailler la posture.
Est-ce qu’au même titre qu’il existe un nombre magique aux proportions universelles ou encore des similitudes de comportement en santé mentale nous pourrions admettre que nous avons tout à apprendre de nos ruptures personnelles pour comprendre ce qui nous arrive collectivement en ce moment et ce que nous pourrions en faire ?
Est-ce que dans la posture qui permet de sortir vainqueur d’un cataclysme personnel nous pourrions individuellement faire face aux chamboulements en cours et avenir et collectivement trouver des réponses pour que l’humanité s’en retrouve grandie ?
J’ai décidé de consacrer un petit temps court chaque matin pour rédiger quelques lignes. S’il est certain que je n’arriverai pas à tenir cette décision sans y glisser d’exception je n’ai aucun doute que vouloir m’y astreindre sera l’une des pierres indispensables à la construction d’un nouveau quotidien.
Vous le sentez cette semaine qu’il est temps d’oser nous installer dans nos nouvelles routines, de consolider nos marques, de rythmer notre temps, d’intégrer ces routines extraordinaires et les rendre ordinaires pour qu’elles deviennent source d’énergie ?
Ma vie concrète à moi a terriblement peu changé. Je n’avais déjà ni travail, ni vie sociale active, j’ai l’habitude de passer de nombreux jours sans voir quelque face que ce soit par exemple. Je peux même dire que par certains côtés ma vie est devenue meilleure. Je sens la nature respirer, j’ai des échanges plus intenses avec mes proches, je participe à des élans de solidarité qui font chaud au coeur, mon emploi du temps n’est pas bousculé en permanence, je suis toujours aussi incapable de m’ennuyer. Seuls me manquent les petits bisous de ma petite fille et la joie de lui montrer le printemps et les radis qui poussent dans le jardin. La frustration est grande mais dans une situation aussi grave il est plus nécessaire de se réjouir d’avoir quotidiennement contact avec ceux que l’on aime que de se lamenter de ce qui nous est enlevé.
Je vais donc consacrer ma semaine à remettre la vie au centre de mes projets, à abandonner cette impression de parenthèse, de provisoire qui dure et à évacuer ce stress qui empêche la vie d’émerger. Construire ici et maintenant.
Mots tant de fois usurpés, galvaudés ici et maintenant prennent tout leur sens. Comment construire une vraie vie, ici et maintenant.
Pompon chat en reste de marbre que j’oublie qu’il puisse exister un 31 mars…
Première étape… …me mettre sur mon 31 et cessez de bricoler mes agendas 😂… Les poissons d’avril c’est pour demain !
Quel pourrait être notre devoir outre le fait de respecter les consignes? Les règles d’une bonne ‘hygiène de vie s’est aujourd’hui se laver les mains comme Monk et se tenir à distance comme Sheldon tout en restant chez soi comme Émilie Dickinson. (Quel vaste chant 10 lexique) Simple – basique.
Mais il y a toutes les autres avec qui on avait déjà parfois du mal. On a du taf parce qu’aux conseils ordinaire de se nourrir sainement, de dormir assez, de limiter l’exposition aux écrans et de continuer à bien bouger s’ajoute l’impératif de garder au temps qui passe une structure saine et dynamique qui sera une vraie colonne vertébrale de notre quotidien. Un de nos devoirs outre celui de rester chez soi c’est de lutter contre la frustration qui se met à roder partout en nous comme autour de nous… un mandat plein de pièges Que puis-je faire pour moi? Que puis-je faire pour toi? Que puis-je faire pour autrui?
Garder des horaires, élaborer des projets, oser se tromper et recommencer. Faire ses routines calmement mais complètement aussi dérisoires qu’elles puissent paraître dans ce contexte apocalyptique.
Vivre pleinement.
Vivre pleinement pour garder et cultiver ce que nous sommes. Des humains. Humains humains pleins de tares et de tâches mais des humains en quête de notre humanité.
Tout doux liste : Chercher son éthique.
Chanter, rire ou danser si les idées manquent.
Combattre l’ennui parce que c’est un sale virus.
J’ai raté ma nuit. Un zéro contre moi…. Se lever et marquer des points. Go! Bonne journée
C’était une journée un peu nostalgique, pleine de douceur et avec quelques non dits bien choisis pour ne pas ressasser ce qui préoccupe absolument tout le monde. J’avais le coeur chargé d’amour et j’en ai reçu des pleines brassées du bout des yeux tout au long de cette vadrouille.
On a d’abord pris par le fond du canal puis après avoir passé un instant à admirer le paon du port (ça sonne pas mal hein le paon du port) nous sommes remontés sur le flan nord du Mormont pour nous baigner dans les jonquilles. Avant de se dire Adieu. Et cet adieu était un peu plus que d’ordinaire. Mais c’était un adieu à la Vaudoise hein ! Love it.
C’était important aussi parce que c’est à Entreroches que j’ai commencé ma quête. Lorsque j’ai découvet cet endroit, en 2004, je l’ai aimé tellement que je l’ai étudié à fond. Je l’ai fait visiter et j’y ai appris à guider. Cela m’a même donné l’envie de me former comme guide du patrimoine et c’est ainsi que sans le savoir ma nouvelle vie avait commencé. Un peu à l’insu de mon plein gré.
Alors les jonquilles, le canal et mon ami Akim, présents aujourd’hui et depuis toujours dans ce lieu, m’ont porté tout au long de cette journée au goût spécial comme ils m’ont porté tout au long des années au goût initiatiques des découvertes.
Ce matin on a pris le train, Laly, Catherine et moi, on a marché sur les sentiers battus, on a ri, on a râlé aussi un peu, on a parlé, on s’est tu, on a marché, on a grignoté au soleil… on n’a vadrouillé comme tant de fois, ici ou ailleurs mais comme toujours dans la bonne humeur. Une journée banale en quelque sorte.
Mais c’est cette banalité qui était plus que spéciale aujourd’hui 15 mars 2020.
Suite aux dernières nouvelles je maintiens la vadrouille de dimanche et d’une simple recommandation de ne pas se faire la bise pour dire bonjour je passe à l’interdiction de salade de museau 🥰 Tout cela et encore sous réserve du maintien des transports publics.
Des nouvelles ici au fur et à mesure des décisions.
Joli parcours de 18km qui nous a permis de rejoindre Bretonnières au départ de la forêt de jonquilles d’Eclépens.
J’avoue que c’était un peu long pour ma condition physique générale actuelle. Je n’ai pratiquement aucun entraînement. Pourtant il n’y avait pas de difficulté particulière sauf peut être la courte montée bien raide au dessus Romainmôtier (pour rejoindre le Belvédère et qui aurait pu être contournée) mais le tout vallait vraiment l’effort. Mais comme sur le Belvédère je me suis fendue d’un direct sur FB je n’ai pas de photos de l’endroit à vous montrer. En voici d’autres.
Le départ dans les jonquilles a mis de la lumière dans nos yeux. Nous étions trois et nous avons commencé par renoncer à prendre de l’avance en prenant des photos.
Nous nous sommes ébaubis devant d’autres beautés fleuries aussi.
Le tilleul du port d’EntrerochesHépatiques
Pensées
Nivéoles
Primevères
Hépatiques
Pezzizes
Salade d’endives avec pezzizes
Pied du Mormont
Vue sur le Suchet
Après avoir longé le Mormont au lieu de lui grimper dessus nous avons pris le pique-nique vers St-Loup. J’ai ajouté deux pezzizes à ma salade d’endives et on a repris notre chemin dans les gorges du Nozon jusqu’à la cascade du Dard et nous avons rallié Romainmôtier.
Trou de picNozonTruffièrel’EngensAvant la chuteCascade
Abbatiale de Romainmôtier
C’est sous un ciel lourd et un vent vif que nous avons rejoint Bretonnières.
On s’attendait à un peu de grisaille tout au long de la journée et nous avons été déçu en bien ^^ Beau ciel bleu et quelques cumulus, c’était frais quand même.
Croy Romainmotier
Croy, Romainmôtier
Cornouiller
Mycorises
Tire moi tes langues
Pezzizes
Mais qui connaît ce champi ?
Elébore fétide
Coco Riko
Le vieux tilleul
Le Nozon
L’abbatiale
Sur le chemin de Croy
Beaucoup d’eau dans le vallon d’Envy et nous n’avons pas pu descendre jusqu’en bas, le ruisseau prenait toute la place et nous n’avions pas très envy de nous mouiller les pieds ^^
Nous avons fait quelques belles rencontres, Olivier à Romainmôtier puis peu avant d’arriver en gare de Croy, mon ami Yago pour un câlin énooooooooooooorme ! ça m’a fait beaucoup de joie de le voir. Je suis touchée chaque fois, et chaque fois plus profondément dans mon âme. Et évidemment le milan royal tellement si impressionnant.
Nous nous sommes arrêté à la maison du Prieur, à nouveau ouverte, avec ma foi à mes yeux, un peu moins d’âme et de charme. Mais j’aimais tellement venir, y retrouver mon ami Jésus que, je pense, il me faudra du temps pour me faire à ce nouveau décor. Le service était sympathique mais un peu trop « Ecole hôtelière » à mon goût … Il n’y a plus de carte des thés mais le jus de pomme est toujours aussi bon. Et puis nous y avons rencontré Olivier, qui découvrant les vadrouilles s’est joint à nous pour voir les nivéoles. De chouettes moments. On lui souhaite bon vent sur son chemin qui se dessine avec beaucoup d’inconnues et de nouveautés.
C’était aussi une superbe occasion pour revoir mon ami Akim avec qui tout à commencé question vadrouilles ! Et puis refaire quelques pas (enfin!) avec mon Catherine m’a fait du bien ! Quand à Laly, elle marche comme une reine ! A part un petit plongeon à cupesse dans l’eau du vallon ^^ Bravo Laly. Vive le printemps !