D’abord longer la Grande-Eau dans le soleil à peine débarqué. Et ensuite une montée magnifique dans les couleurs d’automne.

C’était une vadrouille partagée avec moi-même ! Plus de 1000m de dénivelé de toute beauté.

 

 

Le hameau de Veyres de la commune de Leysin

Pourquoi j’ai choisis Mastodon ?
Parce qu’il fonctionne de manière décentralisée et qu’il n’utilise aucun algorithme.

Et pourquoi j’ai abandonné dans un premier temps ?
Parce qu’il fonctionne de manière décentralisée et qu’il n’utilise aucun algorithme.

Ouais, je sais c’est compliqué. Et on n’a pas envie de se prendre la tête avec ce qui finalement n’est qu’un loisir.

On se laisse vider la tête et on se croit imperméable aux eaux brunes jusqu’à croire que toute cette bave nous glisse dessus comme sur les plumes d’un canard.

Il ne fait plus aucun doute qu’une nouvelle sorte de dictature se met en place de l’autre côté de la Grande Gouille et que les techno-fachistes sont aux premières loges.

Mastodon est décentralisé.
Comment expliqué vite fait ?

Mastodon c’est la Conf qui chapeaute. Les 10 000 serveurs se sont les cantons qui légifèrent. C’est comme la Suisse finalement j’ai pas besoin de vous faire un dessin sur les avantages démocratiques que cela peut représenter.

Mastodon n’a pas d’algorithme.
Alors imaginez deux minutes ce que ça fait de débarquer dans une Suisse à 10 000 cantons et que la première question qu’on vous pose est : dis vouaaaaar… dans quel canton tu veux déposer tes papiers didon ?

Pas facile quand on ne connait pas la culture mais que personne ne s ‘affole : on prend sa tête pleine avec soi et on comprend très vite. Il y a de gros serveurs généralistes multilingues comme Zürich et des petits serveurs avec des intérêts spécifiques comme Appenzell Rhode Intérieur. Suffit d’utiliser les filtres manuels et de comprendre que c’est pas parce que tu t’établis à Moutier que tu ne pourras pas aller te balader au Tessin. Je m’arrête là pour l’analogie. Il faut choisir ton serveur mais ce choix n’a pas d’implications majeures sur ta vie puisqu’aucun ne va te dicter ta vie.

Je peux vous dire que c’est en faisant ce chemin sur Mastodon que j’ai réalisé le nombre de choix dont FB prétend nous soulager. En réalité il nous ampute de notre libre arbitre.

Et après ?
Une fois sur le serveur, il te présente dans un fil (que tu choisis d’aller voir) toutes les publications du serveur. De là tu choisis te t’abonner à celui-ci ou à celui-là. Et dans un autre fil tu auras la chance de ne suivre que tes abonnements. Si tu t’attarde une fois sur un chat mignon tu ne verras pas défiler 10 chats mignons droit derrière.

Alors j’ai bien sué pour en arriver là, mais une fois rendu dans ce havre de paix je respire.

Il ne reste plus qu’à apprendre l’usage plus affiné des haschtag que ce que j’en connais à ce jour mais ça viendra.

Petit conseil si tu débarques avec ton premier Pouf (c’est comme ça que s’appelle un post) tu mets autant de # que tu as d’intérêts dans la vie ou sur le moment et tu ajoutes #introduction et on viendra t’épauler dans tes premières démarches et tes premiers contacts.

Dès que j’ai su faire marcher mon compte, j’ai su que j’y trouverai ce que je suis venue y chercher. Du calme, des intérêts, des échanges et un peu plus d’humains.

Vous pouvez m’y trouver avec @apedibus et @QuandRienNeMarcheMarche!

Je respire et je peux partir à la recherche des thèmes que je veux à travers tout le pays avec des hachtags.

Oui ça m’a pris la tête mais ça m’a rendu mon libre arbitre.

Je dépose ma voiture au garage, je glisse la clé dans la boîte aux lettres et j’oublie mon téléphone à l’intérieur. Un petit stress avant de partir pour cette randonnée que je sais exigeante : un test, sans doute, plus qu’une simple balade. Le Chamossaire m’attend. Depuis Leysin, Place Large où je laisse ma voiture il va falloir affronter une grande descente vers le fond de la vallée, puis une remontée drastique jusqu’au sommet. Cinq heures quarante de marche prévues dans Suisse Mobile. J’ai déjà l’intuition qu’il m’en faudra un peu plus.

Je traverse le quartier des chalets, le soleil se lève, caresse les crêtes. L’air est vif. Les pâturages fauchés ras dégagent une odeur sucrée, légèrement astringente — celle des matins clairs de montagne. En face, le Pic Chaussy reste dans l’ombre. Je sors mon téléphone dans l’idée d’en saisir la fraîcheur quand le soleil jaillit de derrière le Pic et m’éblouit. Je ferme les yeux, je sens sa douceur sur mes paupières et un rouge intense se dessine sur ma rétine.

Dans mon dos surgissent en pleine lumière : les Tours d’Aï et la Berneuse, découpées sur un ciel bleu d’été. Pourtant un frisson intense me rappelle qu’on est en septembre. Mon regard s’attarde encore sur les Dents du Midi. Au-dessus de la plaine un ballon flotte comme suspendu et glissant vers le Léman.


La petite route ensoleillée est encore goudronnée, mais bientôt je m’enfonce dans la pénombre de la forêt. Il est 7h50. Le soleil chatouille la crête du Chamossaire sans jamais la dépasser. Devant moi, la grande descente : 330 mètres sur 1,5 km, une pente raide, sans répit, presque verticale par endroits. J’ai de l’appréhension, mais aussi une confiance tranquille.

Je m’appuie sur mes bâtons comme un handicapé sur ses béquilles, pas après pas, jusqu’au premier replat et son petit alpage. Delà j’aperçois Exergillod — le lieu de la fin de mon adolescence, le début de ma vie d’adulte, l’endroit où j’avais cru m’y installer pour toujours mais qui ne fût qu’un feu de paille comme toutes mes constructions. Puis je poursuis sur une pente un peu moins raide et par un chemin bien plus large jusqu’à la route du Col des Mosses que je traverse avec prudence car la circulation du matin y est très dense. Le Chamossaire se découpe dans un ciel devenu pâle, presque de pluie, tandis que le Mont d’Or se dore au soleil. Encore un dernier replat, et j’atteins la Tine de la Grande Eau, au fond de la vallée.

9h15. Le topo annonçait 30 minutes. J’en ai mis 1h20. La pente était vraiment raide et mes genoux tout comme ma cheville n’ont pas particulièrement apprécié l’exercice même si, je dois le reconnaître tout a super bien fonctionné. Le pont est magnifique, sauvage, étroit, plein d’histoire. C’est la deuxième fois cette année que je passe là. Je suis toujours émue dans ce genre d’endroit. Je ressens quelque chose de profond qui me relie aux humains qui m’ont précédés.

Je bois une gorgée, avale quelques fruits secs, resserre mon sac et entame la montée. Petit à petit, le paysage s’ouvre. Le Mont d’Or se déploie, imposant. Les Tours d’Aï brillent au soleil. Le Chamossaire se cache de mon regard. Loin de ma face, parce que dissimulé par la raideur de la pense je le sens non pas dans mon dos mais sur mes épaules.

Plus haut, je croise le bal des hélicoptères qui transportent du bois. Je suis maintenant à Exergillod et j’ai une vue large sur la pente raide d’en face que je viens de descendre et sur le petit pâturage traversé tout à l’heure qui me dévoilait ce hameau de mon passé. Je vois le chemin qui rejoint la dangereuse route à traverser.

La montée est longue, rude. Le soleil frappe. La chaleur monte, la fatigue aussi. Un peu. 11h30 Je sors du bois, trouve une table devant une étable et casse la croûte : houmous, cake salé maison et quelques amandes. Peut être un peu trop lourd à digérer pour tout ce qui m’attend encore.

Je reprends pleine d’espoir d’avancer avec plus de vigueur mais le pas est lourd et le souffle court. Je peine à trouver un rythme, c’est long et laborieux mais il commence à revenir gentiment.

C’était sans compter sur les aléas naturels. D’abord un champs pentus comme le Petit Chêne des Lausannois mais couvert de trous de pieds de vaches. De la boue en veux-tu en voilà. Je jongle de motte en motte, mes bâtons inutiles qui s’enfoncent jusqu’aux genoux. Je prends plus de 45 minutes pour franchir le coin qui aurait du m’en prendre 15. Je tente de reprendre le rythme quand je reçois un cadeau de la nature que je ne saurais refuser. Je pose le sac, tente de m’accrocher à la pente comme font les enfants en m’agrippant à l’herbe à pleine touffe et je cueille ainsi 3kg de champignons avant de reprendre le chemin. Mon sac s’est alourdit. Mon pas aussi.

Enfin, à 1 680 mètres, j’arrive à la Case aux Chèvres. L’endroit est magnifique : une cabane ouverte, du bois, un banc. Devant moi : la Riondaz, La Berneuse avec le Kouklos, les Tours d’Aï, de Mayen et de Famelon, et, un peu plus à droite, le Mont d’Or. Derrière moi, les rochers du Chamossaire ressemblent à des pyramides. C’est splendide. J’aimerais rester ici, dormir là.

Qu’est-ce qui presse finalement ? Pourquoi ne pas prendre une bonne heure de repos bien mérité avant de reprendre la route ? C’est alors que je me soucie de la première fois de l’heure du dernier train. Car en partant à 7h30 du matin pour faire ce qui devait être moins de 6heures de marche, je ne m’étais pas posée la question du retour à la maison.

Je vois alors que le dernier train part du Col de Bretaye à 17h55, et il est déjà bientôt 16h00. Certes la carte m’annonce qu’il ne reste que 300m de montée et que la gare se trouve à 45 minutes de marche de cette Case merveilleuse mais au rythme d’escargot qui me caractérise depuis midi qui double le temps promis par Suisse Mobile je ferai bien de ne pas trainer trop longtemps dans ce petit paradis.

Je refais mon sac, range les champignons, mange un peu. Je repars. A chaque pas je m’ébaubis du spectacle, tout est beau. La Pointe du Chamossaire me fait de l’oeil, mais il est trop tard pour faire cette dernière pente.

Je laisse dans mon dos les Tours d’Aï et je me confronte aux Muverans, Grand et Petit.

16h55, j’arrive au Roc d’Orsay, épuisée, puis je descends encore jusqu’à Bretaye. La vue est splendide, la lumière douce. Mais mes genoux et mes pieds protestent à chaque pas. 17h10, Col de Bretaye.

Au restaurant, je m’affale sur la table. Je ferme les yeux. J’ai des hallucinations : des lumières partout, ça clignote, ça danse. C’est dingue. Mais qu’est-ce que je suis contente.

Derborence avec mon ami Pierre. Nous sommes arrivés sous un ciel couvert qui s’est dégagé dans les 5 minutes suivantes, puis nous sommes montés depuis Motélon au soleil tout du long, on a pique-niqué, puis au moment où on refermait nos sacs un vent glacial s’est levé. On a encore pu manger abrité sur la terrasse du restaurant de bonnes tartes aux pruneaux et puis la grêle a commencé. On a filé sans demander notre reste jusqu’au bus qui nous a redescendu en plaine. De Derborence en ce 5 octobre 2025 nous n’avons eu que le meilleur, rien que le meilleur, tout le meilleur !

Vadrouille partagée avec … juste moi.La vadrouille démarre de la gare d’Yvonand par 40 minutes de plat à travers la campgne et le long de la Menthue.Jusque sous le pont de l’autoroute.

Ensuite ça rigole moins. La pense se fait bien raide avec des escaliers. On monte ainsi sur plus de 200m de dénivelé avec l’autoroute en bruit de fond. J’avoue qu’à ce stade j’étais assez peu convaincue de ce choix de vadrouille.

Toutefois la forêt est belle et généreuse. Brusquement la pente et le bruit cessenr et le chemin s’ouvre sur un plateau cultivé, lumineux et agréable. On passe tout près de Rovray sans y entrer. Je trouve une petite fontaine ronde pour accompagner mon pique-nique avant de retrouver la forêt.

Quelqus montées, quelques descentes, des percées par dessus la gorge qui se fait profonde. Chavanne-Le Chêne et Chêne-Paquier reliés en fond de vallée par le Pont du Covet proche du vieux moulin du même nom.

J’ai ensuite croisé des copains, suivi des jolies sentes, sautillé dans les longues herbes avant d’entamer la descente au fond de la gorge qui fut à la fois épique et courte tellement c’était raide. Vive les escaliers et les bâtons.

J’ai zappé la Tour St-Martin pour éviter le déluge annoncé et pour me carapater pour me mettre à l’abri. C’est chose faite.