En ce 6 avril 2014, je ronge mon frein. Il fait beau, les oiseaux appellent à l’évasion, mon sac est prêt, tout est bouclé, le parcours est imprimé sur autant de feuilles A4 que nécessaire (un sacré paquet dont j’ai fait parvenir la moité à mon médecin psychiatre que je dois rencontrer à mi-parcours parce que le tout est vraiment trop lourd et trop volumineux). Je suis fin prête je pourrais aller dire au revoir aux amis, à la famille, aux voisins… je pourrais aller en terrasse ou boire un thé sur le balcon mais je reste confinée à la maison.

Cette attente et cette inaction me montent à la tête.

Le jour du départ est programmé pour le 9 avril et tous mes hébergements sont prévus soir après soir jusqu’au 8 juin. Blindé !

Je pourrais parler de cette incapacité à aller me promener autour de chez moi en attendant le 9 avril pour me détendre et penser à autre chose. Je pourrais car, en ces jours de pandémies, alors que la montagne s’offre à moi et que la forêt me tend les bras, quelque chose de similaire colle mes pieds au tarmac de ma Planque. C’est mon effet covidolatéral à moi, cette colle qui s’était bien diluée au point de ne plus me retenir s’est à nouveau infiltrée sous mes semelles. L’angoisse de la sortie de périmètre m’envahit tous les matins et tous les matins je bénis ce confinement forcé.

C’est d’ailleurs cette colle qui m’a poussé à organiser ce périple en 2014. Dépasser cette phobie de sortir de chez moi !

Je dois pourtant reconnaitre qu’on fait toujours bien de sortir, ne serait-ce que quelques pas mais un truc me saisit dans le ventre au moment de franchir le périmètre que je m’impartis. Aujourd’hui mon jardin, hier ma terrasse, avant hier ma chambre.

C’est bien la marche au long cours qui ont rendus mes départs en vadrouille plus supportables et ce sont bien tous ces rendez-vous de vadrouille qui ont petit à petit fait baisser le niveau d’anxiété à franchir mon pas de porte ou périmètre autorisé.

Ne me demandez pas qui autorise ce franchissement, je n’en sais rien et ce n’est pas faute d’avoir cherché pendant des années et des années en thérapie, il n’a ni forme, ni lieu, ni souvenir et afin de combattre cette phobie j’ai cessé de chercher le pourquoi pour m’attacher à trouver le comment.

Comment enfreindre cette loi que personne n’a jamais promulguée celle qui m’interdit de sortir de chez moi, comment faire pour passer outre et sortir de mon périmètre quand même.

A l’époque je m’étais faite violence un jour par semaine, le dimanche et ayant obtenu un certain bien être ma devise est devenue : on fait toujours bien de sortir.

C’est en cherchant à répondre à cette question, « comment pourrais-tu sortir de chez toi sans angoisser deux heures chaque matin et sans rester pétrifiée deux heures chaque soir au retour » (je parlerai des retours une autre fois mais la question n’est toujours par réglée) que j’ai choisi une combine qui allait me permettre de ne partir qu’une fois et de ne rentrer qu’une fois.

Bah vous avez cru que faire un périple était une marque de bravoure ? Eh ben non c’était juste l’échafaudage d’une solution moins couteuse en énergie que d’aller faire des belles randos comme tout le monde.

C’est donc une politique d’évitement comme détestent tous les psy bien formés de Romandie et d’ailleurs, qui a donné naissance à ce projet de faire 550 km à pied sans rentrer chez moi. Cela fait deux ans que je prépare ce tour. Matériel, parcours, questionnement. Pendant 2 ans j’ai décidé tous les soirs d’abandonner ce projet fou et j’ai décidé tous les matins que j’allais quand même le préparer, même si je devais y renoncer.

En avril 2014… Plus que 3 jours et c’est le départ ! je reste confinée dans ma maison, dans mon appartement, dans ma chambre et même dans mon lit en attendant cet improbable départ.

A ce stade je pense que je suis complétement folle, que personne n’a jamais fait une chose pareil et que c’est bien étrange qu’aucun médecin n’ait songé à m’enfermer pour m’en empêcher. Je suis à deux doigts de trouver ça très très louche et je m’attends à voir débarquer des blouses blanches à tous moments. Heureusement que je n’ai jamais dit à personne que j’étais parano.

Vous pouvez réagir ci-dessous. Moins de FB + de libertés.
Bonne journée

Dans 4 jours, le 8 avril je fête le début de ma Première ronde vaudoise qui dura 2 mois en 2014 soit jusqu’au 8 juin.

Je n’avais pas FB et je postais alors quelques photos par jour sur mon blog des vadrouilles.

J’ai mis sous l’entrée « Périples » en menu déroulant les photos de mes divers périples dont cette ronde vaudoise de 2014. Malheureusement techniquement je ne sais pas comment ne pas présenter ces photos à l’envers, soit de l’arrivée au départ…

L’année suivante, j’ai fait un compte FB et j’ai commencé en publiant chaque jour, un an jour pour jour, des photos de ce tour qui m’aura transformée en profondeur, même si je n’avais pas conscience à quel point cette année là tout à changé pour moi.

Avant ma première ronde vaudoise je n’avais jamais vécu et toujours subi, je n’avais aucune autonomie et je passais le clair de mon temps à répondre aux demandes, aux exigences des gens et de la vie, j’étais accablée par mes pathologies, incapables de voir qu’il ne fallait pas grand chose pour avoir du pouvoir sur soi-même.

Il est possible que je raconte ce tour ici jour par jour. C’est un souhait en tous cas.

Cette ronde c’est 500 km, pour moi qui n’en ai jamais fait que 10 à la fois, loin de chez moi, pendant 2 mois, moi qui ne sortais plus de chez moi.

A la vérité ce tour à commencé 2 ans avant, quand la réalité de ma personne m’est apparue comme insupportable. je boitais bas depuis des mois et je pesais plus de 100kg…

Au fil des jours ou dès maintenant si vous avez des questions, cela m’aidera à raconter cette fabuleuse aventure, celle qui fait que je suis qui je suis.

En mars, dernier entrainement avec le sac à roulette et les amis des vadrouilles qui depuis plus d’un an s’entrainent avec Madelon. Direction Lac de Monriouge

Vous pouvez liker ou disliker ci-dessous et même commenter. Je ne donne les coordonnées à personne, il n’y a pas besoin de s’inscrire pour commenter. Voilà… un peu moins de FB et un peu plus de liberté ^^

Tous mes timing sont trop courts.
Tout passe trop vite en ce moment. A peine le réveil sonne que mes yeux doivent contempler le coucher du soleil.

Je dois lutter contre la chronophagie de certains éléments.

On pourrait faire un inventaires des éléments chronophages, il y en a de faciles à lister comme les réseaux sociaux ou les petits jeux en ligne dont nous n’arriverions pas à nous défaire. Parfois, mais ce n’est pas mon cas, l’abus d’alcool, je n’aime pas ça, ou de produits stupéfiants.

Il y en a encore d’autres comme les routines qui n’ont plus de fondement, la destructuration des exigences sociales et donc celle de notre emploi du temps. Il a toutes les intrusions dans notre sphère intime dues à une barrière. Ces intrusions ayant changé de forme nous n’avons peut être pas encore repositionné nos barrières de façon efficace, la désorganisation collective, celle de nos proches ou encore un mauvais équilibre entre toutes ces interactions sociales par écran interposés.

Mais qu’est-ce qui m’empêche de mettre de l’ordre dans tout ça afin de retrouver une dynamique efficace et surtout satisfaisante malgré les restrictions qu’imposent la situation ?

Il y a évidemment la situation globale avec son flot de nouvelles sidérantes, c’est le bon mot, et son cortège de pensées envahissantes et aussi cette impossibilité de gérer les projets avec les ressources et compétences habituelles.

Je ne peux pas lutter contre la gloutonnerie chronophage des Réseaux sociaux et autres parasites chronophage si je me contente d’excuser cet état par la situation.

Je me dois d’aller regarder qu’elle est cette source qui donne vie à tant de peurs d’anxiété en flots continus. Est-ce vraiment et uniquement ce Corona virus ?

Je me rappelle avoir découvert autrefois que mes tocs, mes phobies et mes angoisses existentielles, étaient toujours liées à l’angoisse de la finitude, à la réalité de l’immense désarroi de la condition humaine. Quelque soit le problème j’arrivai à ce constat. Et quand bien même je n’avais jamais eu peur de mourir je réalisais à quel point ce que la vie, liée à la condition humaine peut avoir d’effrayant. Ce vide sidéral de la finitude donne le vertige provoque des nausées et finit par entraver la vie.

Comment alors la vie a-t-elle été possible jusque là ?

Cette condition humaine a été merveilleusement transcendée par l’humain lui-même au fil des siècles, grâce aux Arts notamment, ce mot art qui a donné naissance à aux mots tels que artifices ou artificiels qu’on devrait cesser de décrier.

Ce n’est pas réellement cette effroyable épidémie qui nous ronge mais la prise de conscience de notre réelle condition humaine sur cette planète. Et cette impérative nécessité de créer de nouveaux artifices, de venir art, de trouver un nouvel art de vivre.

Je vais maintenant devoir me questionner sur ce qu’est l’art de vivre… Mais pour le moment, moi qui ai commencé ce texte dans l’idée de le faire court et aussi d’explorer les moyens d’avoir plus de temps disponible dans ma journée la matinée est finie depuis belle lurette et je n’ai pas encore sorti mon chien… pfffff

Mais je sais que si je ne vais pas chercher à la source je ne trouverais pas comment régler mon emploi du temps surchargé ni comment cesser d’être débordée de choses à faire du matin au soir sans qu’au final rien ne soit fait vraiment ou donne satisfaction…

Bon appétit et bonne après-midi

Certains doivent jongler avec les tâches quotidiennes pour tout circoncire et garder le mouvement et d’autres tentent d’apprivoiser leur nouveau balancier pour garder l’équilibre sur la corde tendue entre deux mondes. Celui qui a été et celui qui sera.

Le monde que nous quittons malgré nous, ce monde dont nous connaissons les erreurs et les horreurs, nous en sommes déjà nostalgiques et il est à peu près certain que malgré nos envies secrètes de changements profonds nous ferons tout pour revenir à l’identique.

Cette thématique du changement a toujours pris beaucoup de place dans ma vie à cause des nombreuses crises qui se sont imposées à moi et qui m’ont obligé à des remaniements parfois brutaux dans mon parcours de vie.

J’ai dis aussi que j’ai déjà eu plusieurs vies. En réalité nous n’en avons qu’une seule parce que nous ne mourrons qu’une fois. Par contre nous devons faire face qu’on le veuille ou non à toutes ces ruptures, ces deuils, ces agressions qui transforment nos existences en passant par des cataclysmes, des champs de bataille. Et l’on doit, qu’on le veuille ou non, affronter ces petites morts, ces bouleversements. Tant que nous sommes vivants il va nous falloir marcher jusqu’à ne plus pouvoir mettre un pied devant l’autre, se reposer et se relever.

Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes en crise, l’angoisse d’un monde dépressionnaire nous saisi tous, nous ballote entre l’espoir nécessaire et la peur légitime.

Je ne peux pas m’empêcher de tirer des parallèles avec les graves dépressions qui m’ont confinées presque 10 ans dans les hôpitaux psychiatriques parce qu’une crise et une crise et que très vite je réalise, dans le contexte actuel, que je peux m’appuyer avec succès sur plusieurs découvertes faite lors d’expériences traumatiques et déceler dans leurs résiliences les pistes nécessaires à un certain bien être.

Je crois voir au travers des financements massifs, annoncés, les chiffres donnent le vertiges, que tout est et sera mis en oeuvre pour retrouver le monde tel qu’il était avant le choc. Exactement comme l’individu atteint une première fois par une décompensation psychique a pour seul objectif illusoirement atteignable : le « retour à la normale »

Dans des trajectoires moins chaotiques on retrouve le même mouvement de rétropédalage lorsque l’on ne change rien après un burn out et que retourner à sa vie d’avant parait plus facile que de faire peau neuve ou quand on ne peut s’empêcher de tomber amoureux après une grosse crise conjugale ou un divorce.

La question me taraude, est-ce que l’on pourrait appliquer à une crise planétaire le même plan de résistance (et de résilience) que celui appliqué lors d’une crise individuelle ?

Dans la résolution d’une crise personnelle, pour se relever j’ai retenu qu’il fallait en tout premier lieu travailler la posture.

Est-ce qu’au même titre qu’il existe un nombre magique aux proportions universelles ou encore des similitudes de comportement en santé mentale nous pourrions admettre que nous avons tout à apprendre de nos ruptures personnelles pour comprendre ce qui nous arrive collectivement en ce moment et ce que nous pourrions en faire ?

Est-ce que dans la posture qui permet de sortir vainqueur d’un cataclysme personnel nous pourrions individuellement faire face aux chamboulements en cours et avenir et collectivement trouver des réponses pour que l’humanité s’en retrouve grandie ?

J’en fais le pari et ce sera ma posture.

J’ai décidé de consacrer un petit temps court chaque matin pour rédiger quelques lignes. S’il est certain que je n’arriverai pas à tenir cette décision sans y glisser d’exception je n’ai aucun doute que vouloir m’y astreindre sera l’une des pierres indispensables à la construction d’un nouveau quotidien.

Vous le sentez cette semaine qu’il est temps d’oser nous installer dans nos nouvelles routines, de consolider nos marques, de rythmer notre temps, d’intégrer ces routines extraordinaires et les rendre ordinaires pour qu’elles deviennent source d’énergie ?

Ma vie concrète à moi a terriblement peu changé. Je n’avais déjà ni travail, ni vie sociale active, j’ai l’habitude de passer de nombreux jours sans voir quelque face que ce soit par exemple. Je peux même dire que par certains côtés ma vie est devenue meilleure. Je sens la nature respirer, j’ai des échanges plus intenses avec mes proches, je participe à des élans de solidarité qui font chaud au coeur, mon emploi du temps n’est pas bousculé en permanence, je suis toujours aussi incapable de m’ennuyer. Seuls me manquent les petits bisous de ma petite fille et la joie de lui montrer le printemps et les radis qui poussent dans le jardin. La frustration est grande mais dans une situation aussi grave il est plus nécessaire de se réjouir d’avoir quotidiennement contact avec ceux que l’on aime que de se lamenter de ce qui nous est enlevé.

Je vais donc consacrer ma semaine à remettre la vie au centre de mes projets, à abandonner cette impression de parenthèse, de provisoire qui dure et à évacuer ce stress qui empêche la vie d’émerger. Construire ici et maintenant.

Mots tant de fois usurpés, galvaudés ici et maintenant prennent tout leur sens. Comment construire une vraie vie, ici et maintenant.

Pompon chat en reste de marbre que j’oublie qu’il puisse exister un 31 mars…

Première étape…
…me mettre sur mon 31 et cessez de bricoler mes agendas 😂… Les poissons d’avril c’est pour demain !



Prenez soin de vous


Quel pourrait être notre devoir outre le fait de respecter les consignes?
Les règles d’une bonne ‘hygiène de vie s’est aujourd’hui se laver les mains comme Monk et se tenir à distance comme Sheldon tout en restant chez soi comme Émilie Dickinson. (Quel vaste chant 10 lexique) 
Simple – basique.

Mais il y a toutes les autres avec qui on avait déjà parfois du mal. On a du taf parce qu’aux conseils ordinaire de se nourrir sainement, de dormir assez, de limiter l’exposition aux écrans et de continuer à bien bouger s’ajoute l’impératif de garder au temps qui passe une structure saine et dynamique qui sera une vraie colonne vertébrale de notre quotidien. Un de nos devoirs outre celui de rester chez soi c’est de lutter contre la frustration qui se met à roder partout en nous comme autour de nous… un mandat plein de pièges
Que puis-je faire pour moi?
Que puis-je faire pour toi?
Que puis-je faire pour autrui?

Garder des horaires, élaborer des projets, oser se tromper et recommencer. Faire ses routines calmement mais complètement aussi dérisoires qu’elles puissent paraître dans ce contexte apocalyptique.

Vivre pleinement.

Vivre pleinement pour garder et cultiver ce que nous sommes. Des humains. Humains humains pleins de tares et de tâches mais des humains en quête de notre humanité.

Tout doux liste : Chercher son éthique.

Chanter, rire ou danser si les idées manquent.

Combattre l’ennui parce que c’est un sale virus.

J’ai raté ma nuit. Un zéro contre moi…. 
Se lever et marquer des points. Go!
Bonne journée

C’était une journée un peu nostalgique, pleine de douceur et avec quelques non dits bien choisis pour ne pas ressasser ce qui préoccupe absolument tout le monde. J’avais le coeur chargé d’amour et j’en ai reçu des pleines brassées du bout des yeux tout au long de cette vadrouille.

On a d’abord pris par le fond du canal puis après avoir passé un instant à admirer le paon du port (ça sonne pas mal hein le paon du port) nous sommes remontés sur le flan nord du Mormont pour nous baigner dans les jonquilles. Avant de se dire Adieu. Et cet adieu était un peu plus que d’ordinaire. Mais c’était un adieu à la Vaudoise hein ! Love it.

C’était important aussi parce que c’est à Entreroches que j’ai commencé ma quête. Lorsque j’ai découvet cet endroit, en 2004, je l’ai aimé tellement que je l’ai étudié à fond. Je l’ai fait visiter et j’y ai appris à guider. Cela m’a même donné l’envie de me former comme guide du patrimoine et c’est ainsi que sans le savoir ma nouvelle vie avait commencé. Un peu à l’insu de mon plein gré.

Alors les jonquilles, le canal et mon ami Akim, présents aujourd’hui et depuis toujours dans ce lieu, m’ont porté tout au long de cette journée au goût spécial comme ils m’ont porté tout au long des années au goût initiatiques des découvertes.

Ce matin on a pris le train, Laly, Catherine et moi, on a marché sur les sentiers battus, on a ri, on a râlé aussi un peu, on a parlé, on s’est tu, on a marché, on a grignoté au soleil… on n’a vadrouillé comme tant de fois, ici ou ailleurs mais comme toujours dans la bonne humeur. Une journée banale en quelque sorte.

Mais c’est cette banalité qui était plus que spéciale aujourd’hui 15 mars 2020.

Suite aux dernières nouvelles je maintiens la vadrouille de dimanche et d’une simple recommandation de ne pas se faire la bise pour dire bonjour je passe à l’interdiction de salade de museau 🥰
Tout cela et encore sous réserve du maintien des transports publics.

Des nouvelles ici au fur et à mesure des décisions.