La journée type

​Je pense que je viens de vivre la journée modèle. Au sens premier du terme. Comme il y a des maisons modèle à visiter avant de contracter moi j’ai eu ma journée modèle. 

 Je me suis levée dès que la pénombre se fut suffisamment estompée pour que je puisse plier la tente sans me munir d’une lampe de poche. Puis je me suis hasardée à trouver un banc avec vue. Recherche improbable mais qui a abouti. C’est donc en mangeant mon œuf et ma pomme sur un banc que le soleil m’est apparu enrobant mon univers de teintes chaudes et tendres à la fois. Puis j’ai pris la route. Ce sac ma fois pèse son pesant de combines mais il est supportable. 

Une fois rendue à Estavayer 18km plus loin, en terres civilisées j’ai confié pour trois bonnes heures mes batteries additionnelles au restaurant de la plage et j’ai commandé le plat du jour. J’ai ensuite pris le temps d’une baignade et j’en ai profité pour me décrasser. 

Pompon et moi avons somnolé avant de faire quelques achats pour ce soir et pour demain matin puis frais comme des gardons nous avons repris nos pas.

Euh …. Frais comme des gardons (mais d’où ça sort cette expression ?) c’est beaucoup dire avec cette tchiaffe ! Mais disons : en pleine forme .

Après une traversée en bateau et encore quelques petits kilomètres nous avons trouvé notre paradis pour la nuit qui s’annonce douce comme hier.

La Forêt est moins dense  avec des arbres bien plus grands et un sous-bois plus feuillu.

J’entends passer de temps à autre un véhicule. Cachée derrière un tas de bois immense je sais qu’on ne me voit pas. Mais à chaque fois mon cœur s’emballe et mon souffle se suspend. Puis tout replonge dans le calme.

L’anxiété ce soir diminue avec la nuit qui monte. Ce soir la nuit ne tombe pas, elle monte. La forêt est sombre mais contrairement à hier le ciel est encore clair. 

La fatigue a gagné Pompon depuis bien longtemps. Il dort sous la tente alors que je pianote assise dans les feuilles mortes.

Je vais devoir garder un peu d’énergie pour demain. Je parle des batteries. Et de moi aussi.

Cette première expérience va s’achever.  Je suppose demain ou alors samedi matin. Toute chose a une fin. Et c’est triste.

La bonne nouvelle c’est que chaque fin est le commencement d’autre chose. Une sorte de résurrection permanente qui me va bien.

La vie ici n’est pas spéciale elle est juste comme il faut.

Juste comme il me faut. 

Parce que ma journée modèle est un bon modèle je vais contracter avec cette vie-là. 

Maintenant la forêt est très noire. Seules de petites taches claires percent tout en haut des branchages. 

Il est temps de dire bonne nuit et de tirer ma révérence. 

Soirée du 8 septembre quelque part au nord du lac de Neuchâtel. 

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