​J’ai passé mon anniversaire hier et le soir j’avais 1 an de moins. Si si si j’ai de la chance non ?

Comment est-ce possible?

Quelques heures après minuit alors que je jetais un oeil brumeux à quelques messages entre deux ronflements (ouais critique pas hein je sais que toi aussi des fois non mais ! geek va! 😉 ) l’un d’eux me souhaite pleins de bonnes choses pour ma 55ème année. Ça m’a toujours fait marrer cette discussion dans la famille qui consiste à expliquer aux plus jeunes que lorsque tu fêtes tes 10 ans, tu as 10 ans révolus et que tu débutes la suivante soit la 11ème. Je me rappelle de discussions sans fin avec la « Tante qui pique du bout du lac » car elle n’entendait rien à la chose et soutenait mordicus que les autres étaient des idiots. Qu’à 10 ans on avait 10 ans, et que cette histoire de 11 ème année c’était des conneries d’intellos. Ce souvenir m’a fait sourire et je me suis rendormie. Fort bien d’ailleurs. Geek mais pas insomniaque ! (!)
Au matin, comme c’est la tradition chez nous, le téléphone sonne et s’y succèdent les plus proches parents pour me souhaiter un bon anniversaire. Je les remercie et confirme que je n’ai rien prévu de spécial pour cette journée.
Pour mes 55 ans, me dis-je, j’aurais peut être dû organiser un truc ? Ah ben je n’y ai pas pensé et c’est un peu tard pour que je m’y mette maintenant. D’ailleurs il m’arrange cet oubli car je déteste fêter mon anniversaire. S’il y a un jour où j’ai vraiement envie de faire ce qui me plait quand ça me plait au rythme qui me plait c’est bien celui-ci. C’est mon jour! Et je l’aborde avec douceur.
C’est vous dire si j’étais zen de passer ce 55 ème anniversaire sans contrainte de préparations. Mais quand même ça m’a turlupiné toute la journée. Comment se fait-il que pas une seule fois il n’a été question, ni pour mes filles, ni pour mes parents, ni pour moi d’envisager de marquer le coup pour ce chiffre 55. C’est pas rien 55! D’ailleurs c’est assez impressionnant de se sentir glisser vers une nouvelle décénie, comme ça sans l’avoir remarqué vraiment. 55 c’est le moment où tu n’as plus vraiment la cinquantaine. C’est encore un peu, mais plus vraiment vraiment. Ouais ! Pffff 55 quand même, c’est pas rien bon sang! J’aurais peut être du inviter au moins mes filles. Zut!
Bah! Tant pis ! Ce n’est qu’un chiffre après tout. Je verrai l’an prochain quand je serai quasiment plus près des 60 que des 50. Je n’ai pas le choix de toutes façons. J’assume ce bel âge et entre tête haute dans ma 56ème année! Youpie!
A cette évocation, la tête de la tante du bout du lac me pique et me fait un pied de nez.
/Petit aparté pour mes amis autistes : ne vous faites pas d’image mentale de cette scène, c’est inutile je vous assure./
La tête le pied et le nez tout ça tourne en boucle à n’en plus finir. Elle jubile la tante qui pique. Elle prend toute la place dans ma tête à moi la tante qui pique. A vue de nez /c’est une expression/ je me demande ce qu’elle ne pigeait pas, cette folle du bout du Lac, à ces histoires d’année et d’anniversaire.
Et à haute voix : Allez zut sort de mon pied la tante au nez qui pique que je retrouve ma tête!
A 56 ans bientôt c’est la sénilité qui me guette ! Je manque m’effondrer…
…de rire.
Car, la tante qui pique pour une fois elle a raison : je n’entre pas dans ma 56ème année. Non non non!
Va voir le titre si tu ne me crois pas.
/J’ai eu 54 ans hier/
Et c’est ainsi qu’au soir de mon anniversaire j’avais un an de moins.
De toutes façons, je sais jamais l’âge que j’ai… ça change tout le temps.

Je hais la charité. Mais elle est nécessaire quand le système de solidarité craque.

La solidarité est laborieuse, elle est individuellement peu gratifiante et n’apporte aucune satisfaction immédiate. Elle laisse la dopamine du contibuable au repos. La solidarité se nourrit de taxes, de lois, de protocoles et de contrôles. Elle frustre celui qui la délivre, fâche par son effet contraignant celui qui la finance. Elle est rébarbative et quand elle manque sa cible, fait crier au scandale. Le seul gagnant semble être le récipiendaire qui se permet parfois le luxe de la critiquer.

La solidarité, définie par ce chapelet de gros mots est devenue elle-même un gros mot.

Pourtant la solidarité est un investissement rentable pour l’ensemble d’une communauté ou d’un système. Elle lui permet de fonctionner sans générer trop de scories. Elle met de l’huile dans les rouages, minimise l’humiliation du récipiendaire en fixant collectivement les critères de sa dispense afin d’en contrôler les dépenses. Elle s’assure aussi que personne ne passe entre les mailles du filet.

La solidarité, telle qu’elle a été conçue depuis la fin de la guerre avec l’apparition des assurances vieillesse et sociale ou des congés payés par exemple est quand même ce qu’on avait fait de mieux dans l’Histoire de l’humanité depuis pas mal de temps.
C’est elle qui a assuré cette fameuse « paix sociale » qui a valu à la Suisse sa grande prospérité.

C’est malheureusement une notion abstraite et complexe. Les esprits simplistes ont préférés écouter les sirènes des arrogants partis désireux de sauvegarder leurs intérêts particuliers au détriment de ceux du groupe. Léguant les problèmes collectifs à la responsabilité individuelle. Et ont peu à peu rejeté le concept de solidarité au profit de la charité.

La charité se fait un peu à la tête du client si j’ose dire. La personne doit paraître méritante ou sa pauvreté excusable selon des critères totalement aléatoires fixés au gré du donneur. C’est une valeur très soutenue par les donneurs de leçon car elle permet d’exclure toutes personnes ne se pliant pas au dogme en vigueur. La charité s’accorde comme une option, elle est facultative et valorisante pour qui la pratique ayant comme effet secondaire une certaine humiliation ressentie par le récipiendaire soumis au jugement de celui qui a réussi. Elle est d’une redoutable efficacité individuelle en stimulant la zone du plaisir mais s’avère relativement nulle au niveau de la cohésion d’un groupe ou d’une société fait d’hétérogénité et de différences. Au final elle aggrave la souffrance et diminue la performance collective. Pour retrouver sa compétitivité, le groupe peut émettre l’idée d’exterminer la différence sans manquer de cohérence.

Oui je hais la charité.

Malgré tout ça je la recommande au profit de l’indifférence si comme cet hivers une centaine d’individus doivent dormir à même le sol d’une capitale jusqu’alors connue pour sa tolérance.

​Oui ils sont plus de cent à dormir dehors à Lausanne! oui vous avez bien lu… plus de 100 personnes qui affrontent jour et nuit sous nos fenêtres le froid que nous peinons à supporter quelques heures en journée.
Quelque soit le parcours de chacun, personne ne mérite de passer des nuits aussi horribles.

On s’en fout de qui ils sont ! Ils sont ! un humain c’est un humain. Merde.

On essaie avec des phrases lapidaires de désigner un fautif mais on ne fait que se cacher derrière nos peurs. Surtout celle de tout perdre.

On lance des mots pour désigner le coupable comme on lance des flèches. Suivant qu’on s’imagine de droite ou de gauche ou philosophe : on remet la faute aux corrompus, aux parents laxistes, à la connerie humaine, à la faiblesse des autorités ou encore aux bisounours.

Mais ça change quoi ?

A chercher les fautifs on n’a plus de forces pour les solutions.

On a tous les yeux ouverts, on a tous ce sentiment d’impuissance, on a tous peur de perdre ce que nous avons. Mais ce que nous sommes en train de perdre en acceptant ces indignes conditions de vie pour des gens c’est notre humanité.

Les choses sont ainsi ! Les humains tombent et se fracassent quand la vie leur demande des compétences qu’ils n’ont pas, les humains migrent quand ils ont faim. Les autres pensent se mettre à l’abri du besoin en les accablant.

N’a-t-on pas appris avec le passé que la seule chose que nous ne devons pas perdre c’est notre humanité?

Et non seulement la nôtre. Car à laisser un aussi grand nombre de personnes perdre leur dignité dans le froid, le manque de sommeil et la crasse, ces hommes vont aussi perdre la leur.

Ça va être beau !

Nous aurons alors tout perdu.

Je hurle parce que j’ai mal, je hurle parce que j’ai peur. Laly n’a que 6 ans ! Mes filles sont jeunes et je ne pensais pas voir ça de mon vivant.

Mais pourquoi ajouter du bruit au bruit?

Le monde change, les autocrates sont de retour à la tête de pays puissants ils distilent leurs recettes dont on sait parfaitement à quels menus dégueulasses elles vont aboutir.
On a envie de se réveiller, de penser que tout ça n’est qu’un cauchemar. Mais il faut se réveiller, admettre que c’est la réalité et agir.

On n’y peut pas grand chose la machine est lancée. On s’est laissé berner. On va devoir avaler cette puanteur mais dans ce dîner de con, ne perdons surtout pas notre humanité.

Il y a des matins où la vie t’apparaît comme un choix fondamental : soit tu participes à ériger des murs soit tu tentes de sauver ton humanité.

Par egoïsme pur je vais tenter de sauver la mienne.

Chaque jour un petit bonheur pour moi, pour vous, pour rien. Pour la simple raison que c’est la seule posture cohérente que je puisse assumer.

Pour moi, marcher dans le froid c’est facile car je sais que vous êtes ici, dans le virtuel, à penser à moi parfois et que j’ai votre amitié au bout des doigts.

Marcher dans la neige c’est vivifiant parce que le soir venu je sais qu’un endroit chaud existe pour moi et que je n’ai pas à craindre la nuit. Au pire du pire j’oserais frapper à une porte pour demander l’hospitalité.
Je sais aussi que je peux monter dans n’importe quel train ou n’importe quel bus si d’aventure j’avais un problème.
Dans ma pochette de sac il y a quelques pièces alors si j’ai faim je peux toujours faire un saut à la Coop, à la Migros ou dans un kiosque pour trouver quelque chose à me mettre sous la dent.
Si mes chausses ou mes habits sont mouillés je sais qu’ils seront vite secs et si ma veste en plume laisse passer le froid je lui rajoute un coupe-vent.
Le long du Rhin un garde-frontière m’a regardé de travers mais je n’avais pas peur. Je suis Suisse, je suis blanche et je suis blonde (!) et dans ma fameuse pochette j’y range aussi mes papiers.
Je ne sais pas pourquoi c’est ainsi, je ne sais pas pourquoi moi.
Mais je sais que même si je doute et que même si je galère sur un chemin effacé par les congères, je sais que tout ça n’est que du bonheur!
Alors pour ça et pour tout le reste je dis merci.
Juste merci.

Je me suis faite arrêter à Wolhusen et je vais passer la nuit en prison.

Faut que je vous explique.

Il était là sous mes yeux et je l’ai pris. Comme ça sans réfléchir. Mais je vous jure mes amis, que je ne savais pas que j’étais peut-être en train de le voler.

Je ne me suis même pas cachée pour faire ça. Je l’ai vu, je l’ai pris et j’en ai profité. Vous auriez fait quoi à ma place ?

Je l’ai même partagé parce que je pensais qu’il pouvait être à tout le monde.

D’ailleurs à qui ai-je bien pu le voler ce petit bonheur trouvé dans le pré ?

Mais voilà je me suis faite arrêter à Wolhusen par une pluie battante et je vais passer la nuit dans une prison transformée en auberge pour purger en rêve, la peine de l’avoir tant aimé et partagé le petit bonheur trouvé dans le pré.

http://www.hotel-jail.ch/

Je vais demander une semi-liberté.

Peut-être que demain si de Wolhusen je rejoins ma prison à pedibus je pourrais en ramener un autre de ces petits bonheurs cachés dans un pré. Qui sait?

Lundi : Wolhusen – Lucerne… tu suis ?

La météo annonce une journée ensoleillée et j’attends le matin avec d’autant plus d’impatience que l’étape devrait être l’une des plus belle de tout ce chemin des panoramas alpins.

Quelque part dans l’Emmental (BE) j’ai passé la nuit bien au chaud à l’hôtel Lüdernalp.

Cette semaine et probablement pour un certain temps, je délaisse ma tente au profit d’hébergement plus douillets. Les températures relativement fraîches pour la saison et l’humidité ambiante ont joint leurs arguments pour me convaincre.

Certes, vu le thermomètre il n’y a pas de regrets à formuler mais la liberté que m’offre mon hébergement portatif me manque déjà.

Cette liberté commence avant le départ en m’épargnant à la fois les longues recherches de logement correspondant à mes étapes et les fastidieux mails et téléphones (en allemand !) de réservation. D’autant plus qu’à l’inverse de mon abri mobile, les chambres d’hôte et autres gîtes aux prix abordables n’acceptent pas souvent les chiens.

Cette liberté s’inscrit aussi dans mes pas puisque l’abri fait l’étape. Pourtant ce n’est pas quand je suis derrière mon ordinateur que je suis le plus perspicace pour évaluer mon futur état de forme et c’est bien là que tout se décide.

Finalement cette liberté s’inscrit au jour le jour quand au réveil il faut attendre l’heure du petit déjeuner pour remettre le sac sur le dos et partir.

Ah le sac à dos, parlons-en puisque le seul vrai avantage de l’hébergement en dur se situe dans le sac à dos !

Pas de tente ni de matelas ni de sac de couchage !  Mais aussi moins de vestes de pulls et d’habits de rechange puisqu’on est au chaud et que laver/sécher est possible tous les jours. Youpie !

Oui mais ! encore faut-il savoir éviter l’effet rebond qui consiste à préparer son sac en justifiant l’apparition de nouveaux objets « bah c’est pratique et j’ai pas la tente » . C’est ainsi que j’ai faillit trimballer : un livre, une brosse à cheveux, un ordinateur, une lunch box, des pantoufles, un stylo et des timbres et une couverture pour Pompon !!

Faillit ! Car j’ai tout ressorti, ne m’octroyant qu’un pantalon supplémentaire afin de faire bon effet le soir après la marche, me voyant assez peu me rendre en ville ou au restaurant en culottes fussent-elles à longues manches.

Mon sac faisait 9kg au départ avec 2 jours de pique-nique et repas Pompon et 1l de boisson. Je suis assez fière de ce petit poids (15 kg quand il y a la tente et même 18kg avec l’eau du campement et nos soupers) et cela simplifie vraiment la vie notamment dans les montées.

Donc l’hôtel et assimilé allègent ton sac ! Quoi d’autre ? Ah oui ça allège aussi le porte-monnaie !!

Pas facile de trouver à bon prix avec le chien (on te prend en général entre 10 et 15 pour un Pompon mais tu es bien trop content qu’on te l’accepte !). Mais parfois on trouve ! Les maisons d’hôte ou l’accueil sur la paille étant des alternatives mais Tintin de ces solutions jusqu’au 27.

Expériences.

Je suis donc non seulement à même d’évaluer le coup (de massue) du confort à environ 100.- / jour mais aussi d’évaluer le poids de la liberté à 7kg sans en faire une question de philosophie.

Le temps a passé. Il est 7h00….

Ne manquez pas les photos chemin faisant dans le PHOTO BLOG

Encore vous souhaiter une belle journée … quoi d’autre ?

Direction NAPF go !!!

Tel un chat qui observe Pompon tout en croyant passer inaperçu, je scrute la météo en espérant passer entre les gouttes. Pour le moment lui comme moi sommes à l’abri. Quoique…

La question est complexe avec les trois étapes suivantes qui ne permettent pas de repli en transports publics et qui passent par un point culminant à 1500m. Trois étapes plus longues et plus difficiles que la moyenne.

Trois étapes à franchir dans une météo assez médiocre avec un sac à dos lesté d’une tente qui ne me sera d’aucune utilité puisque je compte sur les refuges et autres restaurants encore ouverts jusqu’au 30 octobre. A cette altitude et sans forêt le camping c’est niet!

A propos de refuge, il y en a un, dans les Alpes vaudoises qui attend mon retour (au pkus tard dimanche) afin de se mettre au propre avant que de se mettre au vert pour l’hiver. Je devrais dire au blanc car à 2000m la neige va bientôt prendre ses quartiers pour de longs mois.

J’ai donc le choix de cavaler trois jours sous un ciel moyen moyen voire bouché avec le gros sac soit revenir dans une semaine toutes tâches accomplies avec coeur léger comme mon sac et l’espoir d’un ciel dégagé. 

Choix vite fait me direz-vous. Pas tant que ça car je suis si bien ici.

Peut-être bien que je viens de passer la nuit la plus tranquille et la plus confortable qu’il m’ait été donné de vivre depuis mon départ de Geneve. Les forêts d’épicas sont divines pour ça. Certes c’est pas très vivant ces forêts là mais maintenant je connais leur unique avantage. On y est bien pour dormir! Le sol est tendre et chaud et il n’y a ni cri ni va et vient animalier. Ça change ^^

Être souple et malin et rentrer temporairement. 

Je reprendrai probablement vendredi prochain (21 octobre)  avec au programme une rando de 2 jours demies. Une nuit à Lüdernalp et une à Napf. Avec la promesse d’une éventuelle  vue superbe. 

Avis aux amateurs! Bons marcheurs bienvenus 😉 contactez-moi si vous êtes intéressés. 

Comme c’est sur un week-end va falloir réserver les nuitées. ^^

Il ne fait pas très froid en ce moment (5h30) sous ma tente dans mon bois de mousse mais quand même je vous laisse. Mes doigts s’engourdissent et mon nez me pique. Je vais remettre tout ça dans les plumes et piquer un dernier roupillon.

A toute à l’heure…^^

 

…. un point de passage entre deux mondes. Plus puissants que les ponts qui permettent de voir les deux rives souvent très semblables, les cols laissent à peine deviner le monde que l’on va découvrir et  crée une nostalgie dans notre regard pour celui que l’on quitte.

Avec cette nostalgie on se souvient que ce que l’on quitte perdure malgré notre désertion charnelle.

Une belle journée s’annonce et le froid de la nuit n’est plus qu’un souvenir. Même pas un mauvais souvenir.  Vivre vivant!

Un rendez-vous bientôt dans la région! Préparez vos godillots ce sera pour lundi!

Des nouvelles dans le calendrier dès demain

​Il est 18h, il pleut des cordes et ça, ce n’était pas prévu. J’ai trouvé une petite terrasse abritée d’un toit. La maison est déserte mais pas abandonnée. Je n’ai aucun réseau et donc aucun moyen de savoir si la pluie a l’intention de s’arrêter avant la nuit. Je me méfie : elle a l’air de se sentir chez elle.

Ce qui n’est de loin pas mon cas. Je ne me sens pas chez moi du tout. Je me sens intruse totale. Et je le suis. 

 La magnifique veste ultra légère Ortovox a pris l’eau.  Certes elle est étanche certes elle a une membrane mais avec les litres qui me sont tombés dessus durant la dernière heure il n’est pas étonnant que je sois un tantinet mouillée.

Ne pas prendre froid. A l’abri sur cette petite terrasse j’ai pu changer les pulls et j’attends.

Est-ce que je vais devoir vivre ma première nuit de galère aujourd’hui ? Si la pluie cesse dans l’heure je vais pouvoir m’écarter un peu de cette habitation et planter ma tente. Mais si elle ne cesse pas il va falloir aviser et les alternatives sont peu nombreuses. 

***

La pluie n’a pas cessé mais elle s’est faite plus fine et j’ai repris le chemin. Je me préparais mentalement à vivre un sale moment. Planter sous la pluie n’est jamais une partie de plaisir. J’hésitais constamment sur l’emplacement à choisir, reprenant ma marche sans trop savoir comment me décider. Sous un sapin, derrière un chalet, le long d’un muret. Rien de très folichon dans ces circonstances. Quand tout à coup une pancarte sur une lourde bâtisse :

Gîte rural !

Bah ! il pleut toujours. Allons voir. 

Je serai reçue comme avec bon thé et gentillesse.

Et un lit offert dans une immense grange amenagée en bistrot. Gîte rural… hum hum. 

J’étais prête à devoir passer la nuit sur cette minuscule terrasse dans une maison privée. J’étais prête aussi à planter ma tente dans un terrain détrempé et au final je suis bien à l’abri dans cette grange.

L’aventure prend forme et décidément j’apprends chaque jour tout plein de choses.

Premièrement que je suis prête à beaucoup d’inconfort mais aussi qu’il n’est pas nécessaire de tout prévoir, que des solutions se présentent et dans l’urgence j’ai des audaces tout à fait insoupçonnées, que je suis capable de chercher des solutions et que en terme d’urgence on peut aller encore bon train pour en trouver une vraie!

Et à part ça cette journée ? 

Ensoleillée et dévirtualisée !

C’est un peu comme si mon Samsung était une lampe à huile car des amis sont sortis de mon écran pour partager des instants de rires et de plaisirs. Des moments rares.

Mais me voici endettée de trois glaces maintenant. Comprenne qui pourra…

Vraiment c’est une journée particulière que je viens de vivre. Et si j’en crois le lieu non moins particulier qui va accueillir mon sommeil, la nuit sera aussi spéciale. A la crotte mais spéciale. 

Et on me demande pourquoi je ne veux plus rester chez moi ?

Samedi matin, je laissais mon chemin à Mauborget au-dessus d’Yverdon pour me soumettre à quelques impératifs familiaux et professionnels. Ces impératifs sont maintenant passés.

Lundi dernier je suis partie à Neuenegg vers Berne et j’ai rejoins Martine. Elle allait m’insuffler son aplomb à planter sa tente pour s’affranchir des auberges et autres hôtels campings ou chambre d’hôtes.

Nous avons passé deux nuits d’une sauvagerie exemplaire. Puis nos chemins se sont séparés. Je suis partie faire ma campeuse dans les bois et voire par moi-même de quel bois je me chauffais bien que sans briquet. Test OK. La semaine aura été une parfaite réussite. Je sais camper sans camping, dormir sans douche et me lever sans café. Comme d’hab quoi!

Demain commence un autre test. Il est plus subtile et pas facile à définir. Il me permettra de paramétrer mon projet global. En clair je vais découvrir si ce que j’ai imaginé peut fonctionner. Marcher, marcher, marcher…. marcher… marcher encore…

Je ne vous en dirai pas plus pour aujourd’hui. Non que je veuille faire du teasing, mais simplement parce que tout est bien trop flou pour mettre des mots même si dans ma tête les choses sont assez précises.

Je vous invite tout simplement à me suivre pendant ces trois journées test de mon nouveau sweetweg en venant zieuter de temps en temps le photo-blog.